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Leur société
Deux ans après Xynthia : En attendant la prochaine catastrophe ?
Un rapport de la Cour des comptes a critiqué l'État pour ses carences lors de la tempête Xynthia du 28 février 2010, en Charente-Maritime et en Vendée, et lors des inondations dans le Var le 15 juin 2010, qui firent 64 morts à elles deux.
Sur l'indemnisation des victimes, le rapport confirme que la priorité n'a pas été donnée aux plus pauvres. Un propriétaire d'une maison payée 300 000 euros en 2007 se l'est vu racheter 603 000 euros par l'État, avec une belle plus-value nette d'impôt donc ! L'État, pressé au début de faire oublier sa responsabilité, a été généreux avec certains, mais pas avec tous. Le journal Sud-Ouest a cité le cas de modestes habitants dont la maison était située hors zone noire. Ils ont été laissés sans indemnisation ni protection, et ne peuvent revendre leur terrain dévalorisé.
La loi elle-même favorise la protection des plus riches. Elle prévoit par exemple de construire une digue si son coût est inférieur à celui de l'expropriation, ce qui interdit de protéger les habitations bon marché.
Le rapport épingle aussi la complaisance de l'État envers les assureurs, dont les indemnisations ont été sous-estimées, laissant aux finances publiques le soin de payer la différence entre l'indemnisation de l'assurance et le coût de l'expropriation.
Mais le plus grave concerne la prévention et l'organisation des secours : absence d'un plan d'alerte coordonné à la météo ; secours eux-mêmes situés en zone inondable (cela était connu et noté dans des rapports, restés sans suite) ; préfectures qui laissent construire en zone inondable, faute de vouloir imposer des mesures contraignantes aux communes et aux promoteurs.
Enfin, l'entretien des digues est laissé à la charge du propriétaire, selon une loi de 1807. Ceux-ci sont parfois des collectivités locales, et souvent des riverains (sept propriétaires et cinq gestionnaires recensés sur 20 km de digues en Vendée). Dans la plupart des cas, le propriétaire n'est même pas connu de l'État (c'est le cas pour 95 % de la longueur des digues de Charente-Maritime), ce qui empêche tout contrôle de l'entretien. Sur ce point, rien n'a été fait depuis la catastrophe, et l'État n'est certainement pas prêt à mettre les moyens suffisants pour entretenir et améliorer les digues, à l'heure où il cherche à restreindre les dépenses publiques. Jusqu'à la prochaine catastrophe.