Lundi 13 août, des milliers de Tunisiens ont manifesté à Tunis et Sfax contre les menaces pesant sur le droit des femmes. En effet le parti islamiste Ennahda, majoritaire à l'Assemblée, veut introduire dans la Constitution l'article suivant : « L'État assure la protection des droits de la femme sous le principe de complémentarité avec l'homme au sein de la famille. »

L'Association tunisienne des femmes démocrates a dénoncé ce projet qui « fait de la femme un appendice de l'homme. La Tunisienne n'est plus considérée comme une citoyenne à part entière. Elle est réduite à un rôle de complément. »

Lina Ben Mehni, une jeune enseignante et opposante à Ben Ali puis aux islamistes, expliquait : « Cela pourrait très bien être une première étape avant de légaliser la polygamie, par exemple. Sous Ben Ali, on luttait pour faire progresser le droit des femmes, notamment pour obtenir l'égalité devant l'héritage. Aujourd'hui, on doit se battre juste pour préserver nos acquis. C'est une véritable régression ! »

Elle dénonce le fait que les femmes se sentent menacées, et hésitent à marcher dans la rue en robe. « Alors qu'il n'y a aucune loi obligeant les femmes à se couvrir, celles qui portent une jupe un peu courte peuvent se retrouver au commissariat. »

Lina Ben Mehni concluait son interview en affirmant : « Si je ressors dans la rue aujourd'hui, c'est pour dire qu'il y a des gens qui résistent contre cette nouvelle dictature, qui ne baissent pas les bras. »