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« Réforme du marché du travail » : Hollande mène la politique patronale
Dimanche 9 septembre, dans son interview télévisée, Hollande a affirmé vouloir combattre le chômage, et vite. Pour cela, il en a appelé à « réformer le marché du travail pour que ce soit plus souple et en même temps plus protecteur ». Une imposture !
La « réforme du marché du travail », on sait ce que cela veut dire. En clair, c'est la volonté patronale de remettre en cause le droit du travail et même le Code du travail, c'est-à-dire les quelques protections, les quelques lois que les travailleurs ont conquises au cours de dizaines d'années de luttes.
La réforme à laquelle Hollande en appelle aujourd'hui, est un copier-coller des « accords compétitivité-emploi » mis en oeuvre par Sarkozy-Fillon en janvier 2012 pour satisfaire le Medef. Il s'agissait hier, comme il s'agit aujourd'hui, de la même chose : au prétexte -- patronal -- que les affaires vont mal, offrir aux employeurs la possibilité d'imposer aux salariés la flexibilité des horaires et la diminution de la paye. Et contrairement aux affirmations de Hollande, aucune « réforme du marché du travail » ne peut être tout à la fois plus souple pour les patrons et plus protectrice pour les salariés.
Entre autres, Hollande a évoqué la possibilité d'un « recours au travail partiel en cas de période difficile » mais pour lui donner la coloration d'une politique de gauche, il l'a placé sous les auspices du « dialogue social ». Et de finir par exhorter les partenaires sociaux à échafauder ensemble avant la fin de l'année ce qu'il n'a pas hésité à nommer le « compromis historique ».
La dirigeante du Medef Laurence Parisot ne s'y est pas trompée. Deux jours plus tard, sur France Inter, elle affirmait que l'accord avec les syndicats lui semblait « possible » et montrait avoir bien compris le message : « Notre pays souffre d'un handicap de compétitivité. Il y a notamment une série de rigidités, de contraintes qui freinent les entreprises dans les adaptations qu'elles doivent mener. (...) Il faut trouver des compromis qui soient à la fois rassurants pour les salariés et qui donnent de l'air aux chefs d'entreprise qui aujourd'hui n'embauchent pas. » Ben voyons !
Selon la très officielle Dares (Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques) du ministère du Travail, tous secteurs confondus, en 2011, plus des trois quarts (76,6 %) des embauches ont été faites en CDD ; et cela sans compter l'intérim. C'est dire que, déjà, le patronat n'est guère embarrassé avec les « rigidités » de la législation du travail. Mais, pour lui, toute obligation vis-à-vis de son personnel est de toute façon une « contrainte » inadmissible et dont il faut se débarrasser.
Avec le gouvernement Hollande, le patronat estime visiblement qu'il tient l'occasion de se débarrasser encore de quelques lois sociales, à l'exemple de ce qui s'est déjà fait en Allemagne, en Espagne, en Italie, pour ne pas parler de la Grèce, sous l'habituel et incroyable prétexte que pour qu'il puisse créer des emplois, il faut d'abord l'aider à licencier. Mais cela ne créera pas un seul emploi, ne fera qu'augmenter encore la précarité et il n'y a aucune raison de laisser faire cela.