Durant quinze jours, les caisses de la Caisse d'allocations familiales du Nord ont été fermées au public, alors qu'en temps normal 3 000 personnes fréquentent quotidiennement les accueils.

D'après la direction, cette longue fermeture doit permettre de résorber le retard accumulé depuis un an, en particulier depuis la « départementalisation » des CAF, qui a amené, en novembre 2011, la fusion des huit CAF du Nord en une seule. La Caisse d'allocations familiales départementale du Nord nouvellement créée doit s'occuper des dossiers de plus de 500 000 allocataires.

La direction dit que cette réorganisation ne doit avoir aucun impact sur le service rendu aux allocataires et aux partenaires, comme les centres sociaux, centres de loisirs de proximité, etc. Mais, sous prétexte d'une harmonisation entre les huit sites, certains droits ont été revus à la baisse en matière d'action sociale, en réalité parce que tout devait se faire avec des budgets en diminution.

La centralisation sur un seul site des courriers a entraîné de nombreux dysfonctionnements. Du coup, les délais de traitement du courrier se sont dégradés, malgré les nombreuses heures supplémentaires, tour à tour volontaires ou obligatoires. Le renfort de vingt agents des autres CAF de France n'a pas empêché la situation de devenir catastrophique : à la mi-octobre, 200 000 courriers étaient en attente de traitement.

C'est ce qui a amené la direction à décider la fermeture d'au moins quinze jours consécutifs des accueils à compter du mercredi 24 octobre, en ne prévenant d'ailleurs les allocataires que le vendredi 19 octobre. Une autre semaine de fermeture est envisagée du 19 au 24 novembre.

La situation va encore s'aggraver avec la période des vacances de fin d'année, un moment où la CAF reçoit un afflux de courrier, et encore plus au 1er trimestre, du fait du renouvellement des droits au 1er janvier.

La crise économique, qui alourdit les charges de travail avec des prestations compliquées à gérer et en plus grand nombre, n'explique pas tout. Depuis plusieurs années l'État et la Caisse nationale d'allocations familiales demandent à la branche Famille de « rendre » des postes, alors même que l'accroissement des charges de travail voudrait que les caisses embauchent : 43 postes ont été officiellement supprimés sur quatre ans dans le Nord, et 40 autres devraient l'être encore.

Le 5 novembre, jour de réouverture des accueils de la CAF du Nord et de paiement des prestations mensuelles, la direction prévoyait une grande affluence et a annoncé la présence de vigiles, pour prévenir les risques liés au mécontentement des allocataires. La CGT avait prévu de son côté d'être présente à la porte des caisses, ce jour-là et toute la semaine, pour permettre aux allocataires d'exprimer leur mécontentement et pour exiger, aux côtés des salariés de la CAF, des moyens supplémentaires et des embauches.

Une journée de grève du personnel de la CAF est aussi prévue le 22 novembre, pour protester contre la dégradation des conditions de travail et la stagnation des salaires.