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- Lutte ouvrière n°2324
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Hôpital de Port-Royal – Paris 14e : Manque de personnel et risques pour les accouchées
Par manque de place, une jeune femme n'a pas pu être hospitalisée alors qu'elle était sur le point d'accoucher. Rentrée chez elle, elle est revenue en urgence. Trop tard, son bébé avait cessé de vivre. Cela s'est passé à la maternité de Port-Royal dans le 14e arrondissement le 1er février dernier.
Comment un tel événement peut-il se produire en plein Paris dans une maternité ultramoderne ? Cette maternité est la plus grande de Paris. Elle a réouvert il y a un an après sa rénovation, et consécutivement à la fermeture de trois maternités parisiennes. C'est une maternité de niveau 3 c'est-à-dire pouvant prendre en charge des grossesses délicates et à risque. Elle dispose de lits d'obstétrique et d'une réanimation néonatale. Mais avant son ouverture, une demande d'expertise a été faite par le syndicat CGT. Elle concluait qu'avec 30 % de personnel en moins et une activité en hausse de 20 %, l'organisation du travail entraînerait des risques médicaux et professionnels. Depuis l'ouverture, 4 CHSCT (comité d'hygiène et sécurité conditions de travail) extraordinaires ont eu lieu pour dénoncer des problèmes liés au manque de personnel, ou des problèmes de conditions de travail dus à des travaux.
Cette maternité est souvent totalement engorgée. Elle effectue plus de 5 500 accouchements par an et les dysfonctionnements sont fréquents. Il n'est pas rare qu'une femme ayant accouché attende des heures pour regagner sa chambre à cause du manque de lits. Alors ce qui s'est passé n'est malheureusement pas étonnant.
Depuis le drame, trois enquêtes ont été demandées après la plainte du couple pour homicide involontaire. Le parquet de Paris a ouvert une enquête. La ministre de la Santé a demandé une enquête administrative et médicale. Un CHSCT s'est tenu le 5 février et la direction de l'hôpital a dit qu'il y avait l'effectif prévu, ce qui évidemment ne veut pas dire le personnel suffisant. Elle a affirmé qu'il y avait des lits d'urgence disponibles. Mais le chef de la maternité a admis que la maternité était en saturation totale le jour de la venue de la jeune femme. De plus une aile de 19 lits est fermée depuis des mois par manque de personnel. Ce qui démontre bien que les effectifs sont insuffisants.
La direction n'a pas pris acte du drame car les jours suivants plusieurs femmes avec des grossesses à haut risque se sont retrouvées à deux dans des chambres prévues pour une seule patiente par manque de place. La deuxième femme était hospitalisée dans un fauteuil ! Le jeudi 7 février, cinq femmes convoquées n'ont pu être couchées. Les ingrédients qui ont conduit au drame sont donc toujours là, ce qui révolte le personnel.
Les directions font prendre des risques à tout le monde et rendent les salariés responsables quand les drames surgissent.
Leur irresponsabilité ne peut que faire déborder la coupe un jour ou l'autre.