Sous prétexte de faire la guerre aux terroristes, le gouvernement cherche à protéger les intérêts du grand capital dans la région : les intérêts de Total, en Mauritanie où il exploite le pétrole et où le fer est aussi pillé depuis de longues années, mais surtout les intérêts d'Areva, qui exploite l'uranium au Niger voisin.

L'exploitation de l'uranium du Niger n'a rien d'anecdotique puisqu'il représente un tiers de la fourniture des centrales nucléaires. C'est cette exploitation qui assure la prétendue « indépendance énergétique de la France ». Cette exploitation est par ailleurs en plein développement : Areva a annoncé qu'il allait bientôt exploiter à plein régime la mine d'Imouraren et qu'il lui fallait pour cela assurer l'arrivée de 300 nouveaux ressortissants français dans la région.

Il est certain que ces intérêts-là seront bien gardés. Avec cette guerre, la France a d'ailleurs obtenu de positionner des militaires autour des sites exploités par Areva au Niger, ce qu'elle n'avait pas réussi à imposer jusqu'à présent.

Quant à la population malienne, elle n'a pas fini de payer cette intervention, même ceux qui applaudissent aujourd'hui à l'arrivée de l'armée française. Car le soulagement d'être débarrassée de ces bandes barbares risque d'être de courte durée. Rien ne dit que les mêmes intégristes ne reviendront pas et surtout rien ne dit que la population livrée à l'armée malienne aura un sort meilleur. On sait déjà qu'à Gao cette armée a commis toute une série d'exactions contre les Touareg, faisant ressortir les oppositions ethniques, montant les communautés les unes contre les autres.

Il y a de quoi être horrifié par la terreur imposée par les islamistes, les mains coupées, les lapidations, mais l'intervention armée française peut rendre la situation pire encore. Personne ne peut aujourd'hui mesurer les conséquences catastrophiques de cette guerre pour la population.

Rappelons-nous la guerre en Irak, la guerre en Afghanistan et plus récemment l'intervention en Libye. Toutes ces guerres se menaient prétendument pour la bonne cause. La démocratie, la protection des civils, la lutte contre le terrorisme, le droit des femmes. Mais on a vu ce que cela a donné dans tous ces pays : des destructions, un recul économique, des affrontements communautaires, religieux, qui n'en finissent pas.

Alors nous sommes opposés à cette guerre, non seulement parce qu'il s'agit d'une guerre impérialiste qui est menée comme toutes les guerres coloniales pour piller les ressources d'un pays, mais aussi parce que en intervenant, les puissances impérialistes sèment des bombes à retardement dont personne ne mesure la portée. Il y aura des conséquences en chaîne que personne ne pourra maîtriser.

Si l'intervention peut soulager très provisoirement le sort d'une partie de la population, elle n'est là que pour continuer à maintenir le même ordre injuste : le pillage, l'exploitation par la France et les puissances impérialistes qui maintiennent l'Afrique dans la misère. Et on peut être sûr qu'à terme elle ne fera qu'aggraver la situation.

Comme cela s'est passé en Irak, en Afghanistan, en Libye, l'intervention de l'armée française fera naître plus de vocations de terroristes islamistes. Parce que c'est sur le terreau de la misère, de la rancœur contre l'impérialisme que se forment ces bandes armées.

Quant à remettre le pouvoir à l'armée malienne, c'est remettre le pouvoir à une nouvelle bande armée qui a détalé sans demander son reste quand les djihadistes sont arrivés et qui leur a livré la population.

Alors quels nouveaux massacres se préparent avec la reconquête du Nord-Mali par l'armée française et par les armées de pays africains dont aucune n'est réputée pour son respect des populations ? Et c'est vrai bien sûr y compris de l'armée française. Que l'on se souvienne de son rôle au Rwanda lors du génocide de 1994 !

Le mal, en Afrique, la France l'a fait et elle continue de le faire avec cette guerre. Et il n'y a pas à s'étonner que ce soit le PS qui mène une nouvelle guerre impérialiste, il a toujours participé et cautionné les guerres coloniales, quand il n'en prenait pas la tête, comme ce fut le cas pour la guerre d'Algérie.

Non, rien de bon ne peut sortir de cette guerre. Non à la guerre au Mali, troupes françaises hors d'Afrique !