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Leur société
Pantalonnade réglementaire
Depuis le 31 janvier, les habitantes de Paris et des 81 communes de l'ex-département de la Seine, plus trois autres en dehors, pourront légalement porter un pantalon. Jusqu'à présent, c'était interdit par une ordonnance, tombée en désuétude certes, mais qui subsistait toujours. C'est en effet vers la fin de la Révolution française que le préfet de police de la capitale promulgua une ordonnance imposant à toute femme voulant s'habiller en homme de se présenter à la préfecture de police pour en demander l'autorisation. Ce que dut faire, bien plus tard, l'écrivain George Sand, ainsi que la peintre Rosa Bonheur.
Depuis, aucun gouvernement n'avait abrogé cette ordonnance policière. Les seules autorisations apportées le furent, à la fin du 19e siècle, pour les femmes faisant de la bicyclette ou montant à cheval.
En 2003, à une demande d'abrogation du texte, la ministre de la Parité et de l'Égalité professionnelle répondit qu'il valait mieux le laisser tomber en désuétude et refusa de l'abroger. Quant à l'Union européenne, si sourcilleuse à propos de l'égalité quand il s'agit du travail de nuit ou du tarif des assurances, elle n'a pas pipé mot, probablement par ignorance de cette singularité.
Depuis quelques jours, la liberté existe donc sur ce plan vestimentaire. Mais il aura tout de même fallu deux siècles après la victoire des sans-culottes pour que les femmes aient le droit de porter un pantalon.