Presstalis : Les travailleurs contre les patrons casseurs14/02/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/02/une2324.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Presstalis : Les travailleurs contre les patrons casseurs

Mercredi 6 février, les principaux quotidiens étaient absents des kiosques du fait de la grève chez Presstalis.

Comme à leur habitude, bien des éditorialistes ont relayé l'idéologie patronale en expliquant que les salariés de cette société de distribution de la presse, affiliés au syndicat du Livre CGT, prendraient les lecteurs en otage et scieraient la branche sur laquelle ils sont assis, en étouffant qui plus est la liberté de la presse sous leur corporatisme d'un autre âge. Et d'annoncer des salaires aussi élevés que fantaisistes pour ces « privilégiés irresponsables ».

En réalité, la décision de ne pas imprimer les titres a été prise par les éditeurs eux-mêmes devant un risque de grève. Une forme de lock-out en quelque sorte.

La raison de la grève est dans les 1 250 licenciements, soit 50 % de l'effectif chez Presstalis (ex-NMPP), et le transfert de l'activité de distribution des journaux à des plates-formes Geodis employant des salariés précaires et sous-payés.

Presstalis est une coopérative dont les actionnaires sont les éditeurs eux-mêmes. En exigeant des prix de distribution toujours plus bas pour leurs publications, ils contribuent à plomber les comptes de la coopérative. Les licenciements sont faits pour sauver l'entreprise et le système, disent-ils, mais visiblement pas les emplois : en effet, depuis 1994, les effectifs ont fondu de 6 000 à un peu plus de 2 000 aujourd'hui. Le torpillage de Presstalis est donc une opération concertée de longue date entre les éditeurs les plus riches afin de faire mourir le système de distribution coopératif issu de la loi Bichet de 1946. Et au final, ce sont les titres à faibles moyens qui sont généralement aussi les plus éloignés de la pensée dominante, qui en subiront fortement les conséquences.

Lors de la journée sans quotidien, une importante manifestation de salariés de la presse a eu lieu devant l'imprimerie du Monde à Ivry-sur-Seine. Puis, à plusieurs centaines, les manifestants se sont dirigés vers le centre Geodis de Bonneuil-sur-Marne où sont traités les travaux qui leur ont été enlevés. À leur arrivée, un important dispositif de CRS les attendait.

Les grands médias ont fait se succéder des éditeurs en pleurs, et même des kiosquiers en réelles difficultés, pour tenter de faire passer les grévistes pour des individus sans cœur. Mais quel travailleur aujourd'hui se laisserait éliminer purement et simplement sans réagir ? Les salariés de Presstalis, épaulés par les autres travailleurs de la presse, continueront donc à perturber l'impression et la distribution des titres jusqu'à faire reculer significativement leurs patrons fauteurs de misère.

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