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- Lutte ouvrière n°2324
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Leur société
Retraites : La gauche prête à faire pire que la droite
C'est Michel Rocard, alors Premier ministre - déjà un socialiste -, qui avait donné le ton en 1991 dans son Livre Blanc sur les retraites. Deux ans plus tard, Balladur appliquait la recette aux salariés du régime général en imposant le passage de 37,5 à 40 ans de la durée de cotisation nécessaire pour liquider sa retraite à taux plein, le calcul de son montant sur les vingt (puis plus tard vingt-cinq) meilleures années au lieu de dix auparavant et l'indexation des retraites sur les prix, sur l'inflation, au lieu de leur indexation sur les salaires.
En 1995, quand Juppé essaya d'appliquer cette réforme à la fonction publique, il fut contraint de reculer face à la puissance des grèves. Mais, en 2003, la réforme imposée par Fillon y parvint, alignant la durée de cotisation des fonctionnaires sur celle des travailleurs du privé. Puis, en 2010, Sarkozy imposa encore le recul à 62 ans de l'âge requis pour partir en retraite, bien des travailleurs devant attendre encore plus longtemps pour toucher une retraite complète.
Cela ne suffit toujours pas. Le COR (Conseil d'orientation des retraites) s'émeut de ce que le trou du régime général pourrait atteindre plus de 21 milliards en 2017. Alors Hollande et Ayrault promettent à leur tour leur réforme, et toujours dans le même sens. On ne sait pas précisément quelles seront les mesures mais le gouvernement organise des fuites, des bruits afin de préparer l'opinion.
Pour les futurs retraités, il pourrait être question de calculer le montant des pensions sur l'ensemble de la carrière au lieu des vingt-cinq meilleures années. Pour ceux qui sont déjà à la retraite, on entend parler de la suppression de l'abattement fiscal de 10 % dont ils bénéficient, de l'alignement du taux de CSG sur celui des actifs. Il serait aussi question que les retraites ne soient plus indexées sur l'inflation, c'est-à-dire que les prix grimperaient sans que les retraites suivent et la gauche s'apprêterait ainsi à faire ce que la droite n'avait pas encore réalisé.
Cela suffit. Depuis vingt ans, tous les gouvernements expliquent que les caisses de retraite se vident parce qu'on vit plus vieux et donc qu'il va falloir travailler de plus en plus longtemps. C'est faux. Les caisses se vident parce qu'il y a de moins en moins de cotisants pour les remplir car il y a de plus en plus de chômeurs et que les patrons licencient en masse afin de continuer à faire des profits malgré leur crise. Tous les gouvernements ont choisi leur camp, celui des profits ; le gouvernement socialiste n'échappe pas à la règle et il prépare les mêmes « réformes » que ceux de droite - et aussi de gauche - qui l'ont précédé.