Air France : Saine méfiance et saines réactions des travailleurs20/02/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/02/une2325.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air France : Saine méfiance et saines réactions des travailleurs

Quand le bulletin de paye de janvier est arrivé, cela a été l'émotion dans les hangars d'Air France à Orly-Nord. La prime d'ancienneté, jusqu'alors intégrée au salaire, figurait désormais à part. Même réaction à des kilomètres de là, à Roissy, au Fret (transport de marchandises) et à l'Escale (services aux passagers en aérogare).

Craignant un coup fourré, les travailleurs de ces secteurs ont débrayé pour aller demander des comptes à la direction. Et ses représentants ont eu beau vouloir se montrer partout rassurants, en affirmant que cela n'aurait aucune incidence sur les indemnités journalières de la Sécurité sociale, la retraite, les primes liées au salaire, etc., rien n'y fit. La méfiance vis-à-vis de la direction ne désarmait pas. Et elle l'a bien senti.

Alors, partout, les cadres chargés des relations humaines ont dû s'engager à rectifier les fiches de paye. Et dès le lendemain, le DRH avalisa ce recul par une note de service diffusée dans toute l'entreprise, dans le but d'apaiser une inquiétude et un mécontentement qui ont déjà entraîné des réactions ici ou là.

En effet, en divers endroits de la compagnie, des travailleurs ont refusé les nouveaux horaires, comme à la Direction industrielle d'Orly, de Villeneuve et de Roissy. Dans le secteur de l'Informatique, à Paray-Vieille-Poste, c'est la réorganisation de leur service qui a fait réagir les travailleurs. Il y a aussi eu d'autres mouvements de mécontentement face aux conséquences en matière d'emplois et de postes (dont des mutations) qu'aura la future fermeture d'une chaîne d'entretien des Airbus A340.

Certes, des syndicats (CFDT, FO, CGC) ont apposé leur signature en bas du plan patronal Transform 2015, dont toutes les mesures citées font partie. Ils ont ainsi entériné des milliers de suppressions d'emplois, le blocage des salaires, une moindre rémunération de l'ancienneté et une dizaine de jours de travail en plus par an. CFDT, CGC et UNSA-SNMSAC ont également approuvé un nouvel accord sur les horaires qui se solde par une nouvelle dégradation de nos conditions de vie.

Mais la signature de quelques bureaucrates syndicaux n'engage que ces derniers et, surtout, elle ne reflète pas l'état d'esprit de la majorité du personnel. La direction marche donc sur des oeufs et demande à ses cadres de faire profil bas pour ne pas provoquer de nouvelles réactions de mécontentement quand ils annoncent nouveaux horaires et autres mesures.

Et puis, si ces réactions spontanées n'ont jusqu'à présent visé que tel ou tel aspect du plan Transform 2015, la direction de la compagnie sait bien que toutes ses attaques contre l'emploi et les salaires pourraient et en tout cas mériteraient de provoquer la colère du personnel.

Partager