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- Lutte ouvrière n°2327
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Dans les entreprises
L'opacité de la fortune des Peugeot
La décision de la direction du groupe PSA - à laquelle appartiennent plusieurs membres de la famille Peugeot - de déprécier artificiellement la valeur de ses « actifs » (bâtiments, usines, machines...) a pour conséquence, par un jeu d'écritures, de pouvoir inscrire une « perte ». Mais c'est avoir la mémoire courte et très sélective que de s'en tenir aux fluctuations des ventes et de la production automobile et à ces jeux d'écriture. Ce n'est pas d'hier que la famille Peugeot fait des affaires, puisque dès 1810, elle avait commencé à investir dans l'industrie une partie des rentes qu'elle percevait des paysans de la région de Montbéliard. Son enrichissement s'appuya ensuite sur le développement de la métallurgie. Qu'il s'agisse de ressorts d'horlogerie, de baleines de parapluie ou de corset, ou plus tard de l'industrie d'automobile, il y eut continuité dans cette famille d'exploiteurs.
En 1929, l'immense fortune accumulée dans l'automobile conduisit la famille Peugeot à créer cette société financière, FFP, pour gérer son capital. Depuis une trentaine d'années, elle s'est diversifiée en achetant des participations dans divers secteurs : l'équipementier aéronautique Zodiac Aerospace, le fabricant de petit électroménager Seb, une société de marketing suisse, le gestionnaire de maisons de retraites Orpea, la société de nettoyage Onet, la Société des autoroutes du Nord et de l'Est de la France (Sanef), différents fonds de placements... Et encore, cette société financière ne constitue-t-elle qu'une « poire pour la soif », selon Robert Peugeot lui-même, qui en est à la tête.
À combien se monte la fortune des Peugeot et où se trouve-t-elle ? L'opacité et le secret sont quasi totaux sur ce point. On peut remarquer cependant que le magazine suisse Bilan qui établit un palmarès des résidents suisses, quelle que soit leur nationalité, y fait figurer la famille Peugeot en bonne place.
En France, il est vrai, la revue économique Challenges estime que la fortune des Peugeot a certes diminué de moitié l'an dernier - ce qui ne les empêche pas de rester à la 36e place dans les fortunes professionnelles de ce pays. Cette estimation n'est que virtuelle, puisqu'elle se base sur la capitalisation boursière du groupe, qui est le reflet d'une activité en partie spéculative, donc fluctuante. La véritable fortune des Peugeot, leurs avoirs, leurs propriétés, la fortune des dizaines d'héritiers de la famille... tout cela est soigneusement à l'abri des regards grâce au secret bancaire.
Savoir ce qu'il en est exactement de cette fortune accumulée grâce à la sueur des travailleurs serait la moindre des choses, et c'est bien pourquoi il faudrait imposer la levée du secret des affaires.