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- Lutte ouvrière n°2327
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Zone industrielle de Carros (Alpes-Maritimes) : Des salariés de la vente par correspondance contre les licenciements
Pour faire connaître leur situation aux autres travailleurs de la zone industrielle, les licenciés ont diffusé un tract devant le restaurant interentreprises et ont fait une nouvelle manifestation le lundi 18 février, puis le jeudi 21. Ils se sont aussi adressés au maire de Carros, qui loue des terrains de la zone aux entreprises.
Il y a encore deux ans, l'entreprise Promondo de Carros comportait environ 200 salariés mais, après des reventes et des découpes successives, ils ne sont plus actuellement que 80, répartis sur différentes filiales, suite à de nombreux licenciements. Le patron ne veut pas verser quoi que ce soit comme indemnité supplémentaire, il ne veut pas de plan de licenciements économiques. Des salariés ont été poussés à des ruptures conventionnelles, d'autres à la démission. La cadence s'est accélérée, puisqu'en deux mois il y a eu plus de vingt licenciements, souvent pour « faute grave », avec comme prétexte quelques minutes de retard, et parfois carrément sans motif. En général, le salarié arrive et s'entend dire : « Tu prends tes affaires et tu t'en vas », cela souvent après des années de travail dans l'entreprise. Le patron, cynique, déclare qu'il sait que ce n'est pas légal mais qu'il n'en a rien à faire, bien qu'il se dise sûr que les licenciés gagneront leur procès en Prud'hommes... dans deux ans.
Cette entreprise, où travaillent une majorité d'ouvrières, vend par correspondance différents produits cosmétiques, gadgets, etc. Elle est bien connue sur le site arnaque-info.org, car des clients grugés par des offres fallacieuses se sont plaints à de multiples reprises.
Aujourd'hui l'entreprise s'appelle MailWerk, mais il y a quelques mois c'était Mo Logistic et Markets Plus, qui d'ailleurs existe encore, et quelques mois plus tôt c'était Promondo... et en même temps une partie de la société se nomme maintenant Eftix. On a donc un enchevêtrement de sociétés, filles, mères, filiales, holdings, boîtes postales, certaines en France, d'autres en Espagne ou en Suisse. L'ensemble est tellement opaque que personne ne sait plus exactement pour qui il travaille, ni qui fait partie de quoi. En réalité, il semble bien que tout cet imbroglio, surtout destiné à payer moins d'impôts, reste dans le cadre de la même famille.
Il y a quelques mois, une expertise des comptes avait été demandée par la CGT, qui avait conclu à de graves irrégularités : frais de missions et de déplacements exorbitants versés au patron, transactions réalisées en espèces.
De nombreux collègues craquent, partent en dépression nerveuse. Pendant des années, on a exigé des travailleurs des horaires flexibles, et ils étaient souvent prévenus au dernier moment par simple SMS. Il fallait accepter de faire des heures supplémentaires, mais surtout ne pas les pointer, pour ne pas laisser de trace, et parfois le paiement se faisait en liquide. Souvent les petits chefs ne se privaient pas pour insulter ou humilier le personnel.
Aujourd'hui la colère éclate au grand jour. Parmi les licenciés, il y a des anciens responsables de l'entreprise qui mettent aujourd'hui sur la place publique les pratiques peu ragoûtantes du directeur, notamment des affaires de harcèlement sexuel et de faux témoignages.
Contre ces pratiques, la vingtaine de salariés qui ont été récemment licenciés par les différentes filiales se sont regroupés. Ils sont décidés à obtenir au minimum des indemnités couvrant au moins deux ans de salaire et, afin de pouvoir toucher le chômage, ils réclament des papiers en règle pour leur licenciement. Le motif ne doit plus être pour faute grave, ce qui est de plus un sérieux handicap pour retrouver du travail.