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- Lutte ouvrière n°2337
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Il y a 70 ans, Pologne 1943 : L'insurrection du ghetto de Varsovie
Au mois d'avril 1943, le ghetto existait depuis près de quatre ans, dans une zone qui avait regroupé, en septembre 1939, 360 000 Juifs polonais. Dans ce quadrilatère de 2 000 mètres sur 600, isolé du reste de la ville par un mur de 2,50 m de hauteur, fut entassée une population avec une densité neuf fois plus élevée qu'à l'extérieur des murs. Beaucoup mouraient de faim, de maladie, ou subissaient le manque d'hygiène, les privations et le travail forcé, avant de connaître les déportations massives vers les camps de la mort.
Le régime nazi, qui savait que les conditions étaient réunies pour susciter une révolte, s'appuya sur les divisions latentes dans la population polonaise. L'antisémitisme, qui gangrenait les relations entre les juifs et la population polonaise majoritairement catholique, fut encouragé, pour tenter d'écarter tout soutien de celle-ci. À l'intérieur du ghetto, les nazis s'appuyèrent sur un Conseil juif, dirigé par les plus riches, pour diriger la vie sociale. La corruption régnait. Les membres de la police étaient recrutés parmi les couches aisées. Ceux qui faisaient partie de ces institutions avaient l'illusion d'être à l'abri, jusqu'à ce qu'ils soient eux-mêmes exterminés.
Durant l'année 1942, 310 000 hommes, femmes et enfants furent déportés vers les camps de la mort. L'ordre de liquidation définitive de la population du ghetto fut donné le 5 août.
Il existait dans le ghetto des mouvements politiques, sioniste, communiste et socialiste (Bund). Ils se constituèrent en comité de coordination pour organiser la résistance armée. Des armes passèrent clandestinement dans le ghetto, preuve que des soutiens extérieurs existaient malgré tout.
Lorsque la révolte éclata en 1943, il ne restait plus que 40 000 personnes dans le ghetto. Malgré l'envoi de tanks et de blindés par l'armée allemande et la destruction des bâtiments abritant les insurgés, les combats firent rage pendant des jours, à l'issue desquels il ne resta que 500 à 700 combattants, réfugiés dans les égouts, que l'armée extermina. Mais pendant plusieurs semaines encore des combattants isolés poursuivirent la lutte jusqu'à la mort.
La révolte fut animée par de très jeunes gens, dont le courage et la ténacité surprirent les soldats allemands. Surtout, elle fut animée par des militants aux antipodes de ces notables que leurs illusions avaient amenés à composer avec l'armée d'occupation. Ces militants, liés à la partie pauvre de la population, défendaient bien souvent, par-delà leurs divergences, des idéaux socialistes.
Dans les pires conditions, en pleine guerre mondiale, contre l'appareil implacable de l'armée allemande et du pouvoir nazi, le souvenir des combattants du ghetto de Varsovie continue à témoigner que la révolte vaut toujours mieux que la soumission. Et quand des officiels israéliens s'en servent aujourd'hui pour justifier les crimes de leur propre armée d'occupation en Palestine, ils insultent la mémoire des révoltés du ghetto.