Île de La Réunion - Carrefour Quartier Français : En grève pour les salaires16/05/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/05/une2337.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Île de La Réunion - Carrefour Quartier Français : En grève pour les salaires

À La Réunion, la direction du Carrefour Quartier Français de Sainte-Suzanne a décidé fin avril d'arrêter les négociations annuelles obligatoires sur un constat de désaccord. Les syndicats CFDT et CGTR réclament une augmentation des salaires de 5 % et la prise en charge de la mutuelle par l'employeur à 50 %. Concernant les tickets repas, ils demandent que la participation de la direction soit augmentée d'un euro. La direction ne proposant que 2 % d'augmentation et la prise en charge de la mutuelle... à 100 % par les salariés, les 70 travailleurs de cette grande surface ont donc décidé le 30 avril de cesser le travail.

Deux piquets de grève ont immédiatement été installés aux entrées des parkings, dès 3 heures du matin et jusqu'à 20 heures le soir. Les clients pouvaient toujours accéder au magasin à pied, mais pas les camions des fournisseurs. Au bout de quelques jours, de nombreux linéaires n'étaient plus achalandés.

La direction a alors fait intervenir ses huissiers pour leur faire constater un délit d'entrave à la libre circulation de la clientèle. Elle réclamait 5 000 euros par infraction constatée. Le 10 mai, elle s'est faite plus menaçante encore en demandant au tribunal que les grévistes soient condamnés à lui verser une provision de 240 000 euros, qu'elle rendrait à la date de la libération des lieux, déduction faite de « l'indemnisation du préjudice effectivement enduré par la demanderesse », c'est-à-dire la direction elle-même.

Dans le même temps, elle entamait une campagne de dénigrement par voie de presse, affirmant que les salariés touchent 1 800 euros minimum par mois, ce qui est mensonger. Dans la réalité, la majorité des salariés perçoit entre 1 200 et 1 400 euros de salaire mensuel. La direction de Carrefour craint en fait qu'une victoire des grévistes n'incite les autres salariés du groupe à agir eux aussi pour la satisfaction de leurs revendications.

Cette morgue et cette intransigeance de la part du groupe Bernard Hayot, propriétaire du Carrefour, n'a rien d'étonnant. Celui-ci a construit sa fortune sur le travail des 5 000 salariés des Antilles et de La Réunion. Dans ce dernier département, Hayot exploite également ceux des concessions Renault, Hyundai et Ssangyong, de REP, de Monsieur Bricolage et de Décathlon. Et il vient de racheter à un autre patron réunionnais le Géant Casino de Saint-Pierre.

Les menaces d'Hayot et de son directeur local n'ont pas eu l'effet escompté puisque, le vendredi 10 mai, le tribunal de grande instance de Saint-Denis les déboutait de leur demande de levée des piquets de grève et les condamnait même aux dépens à hauteur de 3 000 euros ; une décision aussitôt saluée par les grévistes qui ont décidé de reconduire leur grève.

Lundi 13 mai, face au refus réaffirmé de la direction de leur attribuer plus de 2 % d'augmentation, les grévistes ont décidé de bloquer toutes les portes d'entrée de l'hypermarché. Dans la population leur mouvement rencontre une réelle sympathie. Après quatorze jours de grève, les grévistes envisagent, si les négociations ne débouchent pas, d'étendre la grève au Carrefour de Sainte-Clotilde, un faubourg de Saint-Denis la capitale de l'île. Voilà une menace qui, si elle se concrétisait, pourrait amener Hayot à prendre les grévistes d'un peu moins haut !

Partager