Italie : Peine alourdie en appel contre le patron d'Eternit05/06/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/06/une2340.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Peine alourdie en appel contre le patron d'Eternit

La cour d'appel de Turin a condamné en appel à dix-huit ans de prison, contre seize ans en première instance, le milliardaire suisse Stephan Schmidheiny, propriétaire d'Eternit Suisse, pour avoir causé la mort de trois mille personnes, ouvriers ou riverains victimes de l'amiante produit dans l'une des quatre usines italiennes du groupe, celle de Casale Monferrato.

Il a aussi été condamné à verser plusieurs dizaines de millions d'euros de dédommagement aux nombreuses parties civiles. Du fait de son décès l'an dernier, les poursuites contre le baron belge Louis de Cartier de Marchienne, co-administrateur du groupe Eternit, ont été abandonnées.

Les avocats de Schmidheiny ont aussitôt dénoncé un verdict « absurde » et « injuste » et annoncé que l'industriel allait se pourvoir en cassation. En tant qu'individu, il s'indignerait sans doute de voir une crapule assassiner une personne pour s'enrichir en lui volant ses économies. Mais, en tant qu'industriel, il n'est pas choqué que sa société ait empoisonné toute une région pendant près de quatre-vingts ans, entre 1907 et 1986, et d'avoir caché la vérité alors que les dangers de l'amiante étaient connus depuis 1906 ; il estime « injuste » qu'on lui reproche d'avoir tué au moins trois mille personnes pour lui permettre de devenir milliardaire, et il ne veut pas en payer les conséquences.

Le procès intenté en Italie contre les deux anciens propriétaires et administrateurs d'Eternit pour « catastrophe sanitaire et environnementale », et qui a abouti à leur condamnation en février 2012, était une première, due à l'acharnement d'un procureur ainsi qu'à la mobilisation des victimes de l'amiante et des collectivités locales touchées. Que la peine ait été non seulement confirmée mais alourdie en cour d'appel est une victoire pour tous, même si l'accusé, réfugié en Suisse, reste hors d'atteinte de la justice italienne.

En France, la justice n'a encore jamais osé s'en prendre au puissant lobby de l'amiante. Les plaintes déposées contre ces criminels se sont terminées par un non-lieu et la seule juge qui tentait de les incriminer, la juge Bertella-Geffroy, a été dessaisie de ses dossiers sous un prétexte bureaucratique. Les industriels et leurs complices, responsables de la mort de milliers de personnes, s'en sont toujours sortis les mains blanches, aussi blanches que les fibres mortelles qu'ils produisaient.

Partager