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Mali : Après l'intervention militaire Les exactions continuent
Le mouvement a justifié ces arrestations en disant qu'il s'agissait d'officiers maliens infiltrés dans la ville. Toujours est-il que l'ensemble des communautés songhaï mais aussi peule et bella se sont senties menacées et ont décrit un climat de « chasse à l'homme noir ». Leurs membres se sont cachés comme ils ont pu, craignant d'être arrêtés à leur tour et expulsés vers Gao, sous prétexte que leur communauté ne soutenait pas le MNLA.
Cette situation qui s'envenime à Kidal montre bien qu'à deux mois des élections, censées se tenir le 28 juillet, rien n'est réglé au Mali, et en particulier dans le nord du pays. Le MNLA, qui dans un premier temps s'était allié aux groupes armés intégristes du Mujao et d'Ansar Dine pour chasser l'armée malienne et occuper Gao, Tombouctou et Kidal, a retourné sa veste lors de l'intervention militaire française. Il a même aidé les troupes françaises à pourchasser ses anciens alliés. En échange, les dirigeants français lui ont accordé le droit d'occuper militairement Kidal, ville où les Touareg sont majoritaires, et d'y faire régner l'ordre, les troupes françaises restant cantonnées à proximité.
Aujourd'hui, le MNLA ne veut pas entendre parler du retour de l'armée malienne à Kidal. Il accuse celle-ci de mener dans les zones qu'elle contrôle une politique « d'épuration ethnique ». Il dénonce ainsi les exactions commises par des soldats maliens à Douentza, où des éleveurs touareg, revenus chercher leurs troupeaux pour les ramener au Burkina où ils s'étaient réfugiés, ont été capturés et bastonnés par l'armée malienne et les milices qui lui sont liées. Tout au plus le MNLA tolérerait-il la présence de fonctionnaires civils à Kidal pour organiser les élections. De son côté, le gouvernement malien ne cesse d'affirmer qu'« il ne peut y avoir deux armées dans le pays », et proclame que ses soldats doivent être présents partout. Des négociations sous l'égide du président burkinabe Blaise Compaoré ont débuté, mais pour l'instant chacun reste sur ses positions.
Cette situation est grosse d'affrontements armés entre les différentes troupes présentes sur place, en fonction des calculs de leurs dirigeants, et en premier lieu du gouvernement français.
Pour celui-ci, le seul objectif est de maintenir dans la région un régime solide et allié de la France, peu lui importe le prix à payer pour les Maliens. Cette politique, dont l'armée française est l'instrument, contribue à dresser un mur d'hostilité entre les différentes composantes de la population, avec des conséquences qui peuvent devenir dramatiques pour tous.
Loin d'apporter la paix en Afrique, la présence militaire française ne fait qu'entretenir et aggraver les conflits.
Hors d'Afrique les troupes françaises !