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Leur société
Report du procès du Mediator : La lenteur calculée de la justice
Les avocats de Servier, le principal prévenu dans le procès du Mediator qui s'était ouvert à Nanterre, ont de quoi se réjouir, ils ont obtenu gain de cause : pour la deuxième fois, le procès est reporté à l'année prochaine. Le parquet a en effet demandé un supplément d'information dans le procès visant les laboratoires Servier pour « tromperie aggravée ».
Le Mediator, présenté faussement par les laboratoires Servier comme un antidiabétique, est à l'origine de près de 1 600 morts, causées par une déficience cardiaque. Et c'est en dissimulant sa dangerosité que les laboratoires Servier ont continué à vendre ce produit mortel pendant des années. Mais la justice dit maintenant qu'elle a besoin de disposer des pièces du second volet de l'instruction actuellement menée à Paris.
Ce nouveau report fait bien les affaires de Servier. Son résultat est que, pour le moment, les victimes et leurs familles ne peuvent pour la plupart prétendre à la moindre indemnité. Les avocats de Servier, qui, lui, dispose d'une fortune plus que confortable, s'ingénient à retarder l'indemnisation des victimes. Il faut d'après eux que Servier soit reconnu pénalement responsable pour qu'il indemnise ses victimes, alors qu'il est reconnu aujourd'hui que le Mediator provoque bien des déficiences cardiaques !
Ainsi, tandis que les malades, parfois en situation de grande précarité, attendent la victoire morale, et aussi matérielle, que constitueraient la condamnation de Servier et une indemnisation, Servier et ses avocats utilisent toutes les combines que leur fournissent les arcanes de la juridiction. On comprend la colère d'Irène Frachon, qui avait dénoncé le scandale du Mediator et qui déclare aujourd'hui à propos de ce report : « Une fois de plus la machine à enfumer de Servier a fonctionné. » Servier, âgé 91 ans, pourrait en effet ne jamais être jugé.
« Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir », écrivait La Fontaine il y a quatre siècles. Ça continue.