SNCF région Nantes : Quatre jours de retrait des contrôleurs une action qui a payé05/06/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/06/une2340.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF région Nantes : Quatre jours de retrait des contrôleurs une action qui a payé

Après avoir appliqué pendant quatre jours leur droit de retrait, les contrôleurs de la région Nantes, c'est-à-dire des Pays de la Loire, ont fait reculer leur direction sur tout ce qu'ils demandaient, obtenant dix recrutements avant la fin de l'année, la fin des roulements spécifiques Rail Team, la remise à plat des roulements TGV et TER avec une mixité qu'il n'y avait plus, c'est-à-dire de pouvoir faire aussi bien des TGV que des TER.

Il a fallu quatre jours pour faire céder cette direction qui, depuis des mois et malgré de nombreuses alertes, n'avait rien voulu entendre des revendications des contrôleurs. En effet, depuis le suicide d'un des leurs au mois de mars sur son lieu de travail en gare de Saint-Nazaire, la situation sur la région Nantes n'a fait qu'empirer. Ce drame a particulièrement touché ses collègues et mis en lumière un malaise grandissant, qui s'est traduit par plusieurs autres tentatives de suicide.

Les délégués du CHSCT (comité d'hygiène et sécurité) du contrôle de Nantes ont averti la direction à maintes reprises, faisant même passer un questionnaire sur le ressenti de chacun sur ses conditions de travail. Malgré des réponses très alarmantes, le silence radio a persisté de la part de la direction.

Une série d'incidents, quelques jours avant le conflit, a mis le feu aux poudres. Un contrôleur a été giflé par un passager et une contrôleuse s'est vu ordonner de continuer à travailler alors qu'elle demandait à être relevée après un suicide sur son train.

C'est donc logiquement que les délégués CGT du CHS ont déposé un droit d'alerte dès le lundi matin 27 mai et une soixantaine de contrôleurs ont fait valoir leur droit de retrait, en refusant de continuer à travailler dans de telles conditions. L'ampleur de cette réaction a surpris tout le monde, faisant voler en éclats les divisions entretenues par la direction depuis des années entre contrôleurs du TGV et du TER en créant des roulements spécifiques comme Rail Team.

La réponse de la direction a d'abord été une tentative pour opposer les contrôleurs du TGV et ceux du TER, qui n'avaient pas déposé de droit d'alerte mais qui étaient dans le mouvement. Pour la direction, ils devaient reprendre le travail. Peine perdue, TGV ou TER, ils sont restés ensemble dans le mouvement et mardi 28 mai, à plus de 80, ils étaient en droit de retrait et ont envahi la réunion des délégués du personnel où se déroulaient les négociations et ont dit tout ce qu'ils avaient sur le coeur. Cette action a regonflé le moral et surtout permis de se rendre compte que, quel que soit notre statut, tous avaient les mêmes problèmes.

Devant ce mouvement soudé, qui prenait de l'ampleur les deux jours suivants et menaçait de s'étendre, la direction a fini par céder en proposant ce que demandaient les contrôleurs. D'autant plus qu'en gare, devant le mécontentement croissant des usagers, même si la plupart des trains continuaient de rouler, les cheminots en service parlaient eux aussi d'exercer leur droit de retrait.

Jeudi soir 30 mai, les contrôleurs reprenaient le travail la tête haute, conscients d'avoir marqué des points face à une direction méprisante. Ils sont aussi conscients que c'est le retour de la solidarité entre cheminots et qu'unis, soudés, déterminés, le nombre faisant la force, on peut inverser le rapport de force et gagner. Conscients aussi du fait que, si tous les secteurs de la SNCF s'y mettaient aussi, il serait possible d'imposer des embauches, d'autres conditions de travail, de meilleurs salaires, etc. Une sacrée leçon pour les luttes à venir !

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