Bal des hypocrites à l'UMP : Ambitions et démagogie mènent la danse18/09/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/09/une2355.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Bal des hypocrites à l'UMP : Ambitions et démagogie mènent la danse

La petite phrase de Fillon conseillant, en cas de duel électoral entre le Front national et le Parti socialiste, de voter pour « le moins sectaire », n'en finit pas de faire des vagues dans le marigot politicien.

En faisant ce « coup », Fillon fait parler de lui et, surtout, il prend de vitesse ses rivaux à l'UMP, en apparaissant comme « non sectaire » vis-à-vis du Front national et de ses électeurs. Car, dans la perspective des municipales de 2014 et surtout de la présidentielle de 2017, Fillon, Copé, Sarkozy et compagnie cherchent, chacun pour soi, à apparaître comme le plus rassembleur de son camp, qui va de la droite à l'extrême droite.

Ils invoquent les « principes », mais ils ont les yeux rivés sur l'électorat de la droite gouvernementale, qui apparaît majoritairement favorable à des accords électoraux avec le FN. Fillon a voulu distancer ses concurrents auprès de leur électorat commun, en doublant cette fois Copé et autres sur leur droite en matière de flirt avec le FN.

La chose n'est pas nouvelle. Lors de la présidentielle de 1995, Le Pen père avait été approché par Balladur, rival de Chirac. À la même époque, FN et RPR ont parfois fait liste commune. Giscard ne dédaignait pas non plus de dîner avec le chef du FN. Quant à Sarkozy, avant et durant son quinquennat, il a ostensiblement flatté l'électorat lepéniste, reprenant – sous prétexte de « droite décomplexée » – les thèmes de l'extrême droite.

Autant dire que l'indignation dont font étalage ceux que Fillon a voulu devancer sur ce marécage ressemble aux cris d'un voleur qui s'est fait dérober son butin.

Certes, le chef de l'UMP, Copé, a une autre raison de s'indigner. Les œillades appuyées de Fillon vers le FN risquent d'indisposer la partie de l'UMP qui se sent plus ou moins centriste. Dans la perspective des prochaines élections, ce serait une catastrophe pour le chef de l'UMP si ce conglomérat politicien voyait sa composante centriste rejoindre le camp Bayrou-Borloo. Quand Copé dit que « l'avenir de l'UMP est en jeu » après les propos de Fillon, il songe à son propre avenir politique, pour lequel l'UMP peut être un tremplin.

Quant à ceux qui, dans la mouvance du PS, expliquent doctement que « ce sont les valeurs de la droite ordinaire qui vacillent aujourd'hui » (Libération du 17 septembre), ils prennent leurs lecteurs pour des imbéciles. En matière de « valeurs » – si l'on peut utiliser ce terme – il n'y a aucune barrière étanche entre la droite et l'extrême droite.

Pointer du doigt les manœuvres peu ragoûtantes des politiciens de droite, c'est pour la gauche gouvernementale un moyen de se défausser de ses propres responsabilités dans la montée de l'extrême droite. Car sa propre politique antiouvrière, en jetant une partie croissante des classes laborieuses dans le désespoir, fait le jeu de cette extrême droite.

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