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- Lutte ouvrière n°2362
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Editorial
Pour l'emploi, imposer au patronat l'interdiction des licenciements
Comment ne pas se sentir solidaire de la colère qui s'est manifestée samedi 2 novembre à Quimper ? Comment ne pas partager la révolte des ouvriers de Doux, de Gad ou de Tilly Sabco ? Comment ne pas comprendre celle de ces petits agriculteurs ou de ces pêcheurs qui se versent tout juste un smic ?
La Bretagne est brutalement frappée par la disparition de près de 8 000 emplois dans l'agroalimentaire en quelques mois. Mais bien d'autres régions subissent le même sort et la même colère couve aux quatre coins du pays.
Depuis que la crise a éclaté en 2008, des dizaines de villes ont vu leur unique usine fermer ses portes. À chaque fois, c'est toute la population laborieuse qui est frappée, les artisans, les restaurateurs, les coiffeurs ou les buralistes qui voient leur clientèle s'appauvrir ou partir.
C'est ce qui se passera à Amiens si Goodyear ferme ses portes en mettant sur le carreau ses 1 173 ouvriers, ou à Roubaix si La Redoute licencie 700 employés, en Vendée si FagorBrandt met la clé sous la porte.
Avec la crise, les travailleurs, qui forment la classe productive et constituent la base indispensable au fonctionnement de la société, sont plongés dans le chômage et la misère. Ils sont acculés à la survie, quand les quelques milliers de grands bourgeois et de spéculateurs qui ne sont que des parasites prospèrent, aidés par tous les gouvernements qui se succèdent.
Que les travailleurs fassent entendre leur voix, leurs intérêts d'exploités, est une nécessité vitale.
En Bretagne, la colère des petits agriculteurs, des pêcheurs et des routiers contre l'écotaxe se mêle à celle des ouvriers. Et il y a de quoi ! Cette taxe n'est pas conçue pour faire payer les grandes firmes de transport sur leurs profits, ni même les grands groupes de l'agroalimentaire et de la distribution.
Au contraire, tout est fait pour que l'écotaxe pèse sur les plus petits. Car si les grandes entreprises ont les moyens pour répercuter leurs coûts sur les consommateurs, ce n'est pas le cas des autres.
L'écotaxe n'est qu'une taxe de plus, qui retombera aussi, si elle est mise en œuvre, sur tous les consommateurs, plus pauvres compris. Elle fait partie de la politique antiouvrière du gouvernement.
Que la mobilisation en Bretagne l'ait déjà forcé à reculer sur cette taxe est une bonne chose.
Quant à la lutte contre les licenciements, la seule façon de la mener à bien, c'est de se battre clairement contre le grand patronat et contre le gouvernement à son service.
Ayrault devait recevoir les organisateurs de la manifestation bretonne. Le Medef local, représentant les familles bourgeoises de la région, dont font partie les Doux mais aussi les Pinault, les Bolloré et les Leclerc, y sera en bonne place. Mais ce ne sera pas pour défendre les intérêts des petits agriculteurs ni des pêcheurs !
Si le gouvernement annonce de nouvelles aides, en plus des 15 millions déjà promis il y a trois semaines à l'agroalimentaire, les plus petits de la filière n'en verront pas la couleur, tant il est évident que, dans ce système capitaliste, ce sont les plus gros qui font la loi. Ces millions grossiront les profits des groupes de l'agroalimentaire, qui continueront, comme si de rien n'était, à licencier et à comprimer les salaires.
Voir des patrons prétendre parler au nom des travailleurs est odieux. Qui décide de tous ces licenciements ? Qui impose des cadences insupportables, des salaires de misère et des conditions de travail qui démolissent la santé des travailleurs, si ce n'est ces gens-là ?
Pour lutter contre le chômage, il faut combattre les licencieurs, c'est-à-dire les capitalistes. Il faut se battre pour l'interdiction des licenciements et pour la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire. Et, face aux mensonges du grand patronat et de ses serviteurs politiques qui prétendent que c'est chose impossible, il faut revendiquer la levée du secret des affaires.
Les travailleurs ne peuvent défendre leurs conditions de vie qu'à condition de faire la lumière sur les circuits de l'argent produit par leur exploitation ; qu'à condition qu'ils revendiquent leur dû contre la bourgeoisie.
C'est en combattant les capitalistes de la distribution, de l'industrie et de la finance que les travailleurs entraîneront derrière eux les autres catégories sociales qui vivent de leur travail sans exploiter personne. Ce sont les ouvriers, les exploités qui doivent prendre la tête du combat, car ils sont les seuls à n'avoir aucun intérêt à cette société d'exploitation, les seuls à pouvoir contester la dictature de la bourgeoisie et de ce système capitaliste qui ruine toutes les classes populaires.
Éditorial des bulletins d'entreprises du 4 novembre