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Leur société
Le Plan cancer et Hollande : Des discours à la réalité
Le président Hollande a présenté mardi 4 février un plan cancer pour les années 2014-2018, qui vise à mieux lutter contre cette maladie, première cause de mortalité dans le pays avec 150.000 morts par an et dont on dénombre 350.000 cas nouveaux par an. Ce sera donc le troisième du genre : Chirac, avec le premier plan cancer en 2002, en avait fait un des trois grands chantiers de son quinquennat, et Sarkozy, en 2009, avec le second plan, annonçait la réduction des « inégalités, notamment régionales et sociales ».
Ces inégalités face à la maladie n'ont d'ailleurs pas diminué, selon un bilan établi en 2013. En décembre 2012, en lançant les travaux préparatoires à son plan, Hollande avait déjà souligné que « le risque de mourir d'un cancer entre 30 et 65 ans est deux fois plus élevé chez les ouvriers que chez les professions libérales ». Sur les 2,37 millions de salariés exposés dans leur travail à des risques cancérogènes, 70 % sont des ouvriers, plus exposés aussi au tabac et à l'alcool. Point n'était besoin d'un troisième plan cancer pour savoir que l'accès à la prévention, au dépistage et à des soins de qualité est lié au niveau de vie des malades. C'est pourquoi le Pr Vernant, dont les travaux ont servi à la mise au point du plan, recommande la prise en charge de l'ensemble des frais médicaux et paramédicaux, afin que le malade n'ait rien à payer. Il dénonce aussi les prix scandaleusement élevés des nouveaux médicaments anticancéreux, pouvant dépasser les 100 000 euros par an et par patient. Il demande « un nouveau système de régulation des prix », termes choisis pour critiquer le système qui permet aux laboratoires pharmaceutiques de fixer leurs prix, sous prétexte d'innovation thérapeutique. Et c'est sans parler des difficultés de l'accès à des examens comme l'imagerie par résonance magnétique (IRM) dans des régions notoirement sous-équipées, avec des délais d'attente de 27 jours en moyenne.
Pour son plan, Hollande affiche des ambitions élevées comme la réduction de moitié des cancers « évitables » liés au tabac, à l'alcool, à l'obésité ou au travail. Mais les moyens qu'il annonce, 1,5 milliard d'euros en cinq ans, restent dérisoires, même s'ils sont plus importants que ceux des plans précédents, 730 millions avec Sarkozy et 500 avec Chirac. 1,5 milliard sur cinq ans, cela reste bien insuffisant pour répondre aux besoins. Ainsi Hollande annonce 15 millions d'euros pour équiper en IRM les régions démunies et diminuer de 27 à 20 jours le temps moyen d'attente, où que l'on réside, comme si 20 jours était un délai acceptable.
Contre le cancer, et d'ailleurs contre toutes les maladies, il faudrait effectivement mobiliser toutes les ressources et toutes les énergies. Mais, à comparer le 1,5 milliard en cinq ans pour le plan cancer aux 30 milliards du « pacte de responsabilité », on voit bien quelles sont les priorités de ce gouvernement, comme des précédents, et pour qui il se mobilise. D'un plan cancer à l'autre, les promesses restent mais les moyens manquent toujours cruellement.