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Groupe Renault : Dividendes préservés, salaires bloqués
Le 13 février, le PDG de Renault Carlos Ghosn annonçait les résultats financiers de l'entreprise en 2013. Même si ses bénéfices ont diminué par rapport à l'année précédente, des provisions ont été passées et les fameuses marges, point de mire de tous les patrons, sont en progression.
En direct, transmis par vidéo sur les ordinateurs, les salariés du Technocentre Renault, à Guyancourt, ont pu voir un patron satisfait du nombre de véhicules vendus. Satisfait surtout de la trésorerie de 14 milliards d'euros, il les a tous remerciés pour le travail effectué en 2013. « Nous sommes sortis plus forts de la crise », a-t-il déclaré. Ce « nous » ne pouvait concerner que les dirigeants de Renault et les principaux actionnaires. Car, pour l'ensemble des travailleurs de Renault, les intérimaires, les prestataires, les salariés en CDD, rien n'est moins vrai : ils ne sont pas sortis de la crise. Et, depuis 2008, la plupart d'entre eux ont vu diminuer le montant des salaires nets à déclarer.
Car du côté des augmentations, alors que les prix et les prélèvements grimpent allégrement, l'AGS (augmentation générale des salaires) en 2013 s'est résumée à... 0 %. Pour 2014, elle se montera au 1er avril à 0,5 % pour les ouvriers et à nouveau à 0 % pour les employés, les techniciens et cadres. Quant à la prime d'intéressement, même si elle tombe à pic, elle ne rattrape pas, et de loin, la perte de pouvoir d'achat. Mais, du côté des actionnaires, Renault a versé plus de 500 millions en 2013, et 500 autres millions sont prévus pour eux en 2014. La Bourse a compris le message.
Insistant sur ce dernier, Ghosn a ajouté qu'« avec l'alliance Renault et Nissan, les doublons vont disparaître. On va bien charger les compétences, ne pas embaucher. » Dans les ateliers et les bureaux, cette promesse se traduit par 8 600 suppressions de postes prévues d'ici 2016, sans compter 1 500 autres dans les bureaux d'étude.
Et tous les jours, dans les bureaux, ce sont les pressions pour accepter les charges de travail supplémentaires, ou carrément pour quitter l'entreprise. Dans les usines, ce sont les départs non remplacés, les heures supplémentaires en débordement, des équipes vendredi-samedi-dimanche.
Quotidiennement plus de travail, chaque mois moins de salaire : le programme de Renault devient plutôt lassant.