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Dans le monde
Ceuta et Melilla : Des barbelés contre ceux qui fuient la misère
À peine un mois avant, le 6 février, à Ceuta, une autre ville espagnole au Maroc, plusieurs centaines d'Africains avaient tenté leur chance par la mer. La police avait alors tiré sur les nageurs à bout de souffle ou sur ceux qui, ne sachant pas vraiment nager, s'étaient accrochés à des bouées de fortune. Au bilan, quinze personnes s'étaient noyées.
Jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, ils sont des dizaines de milliers à attendre au nord du Maroc, prêts à tout risquer, y compris leur vie, pour atteindre l'Espagne, l'Europe, et l'espoir d'une vie meilleure. Ceuta et Melilla représentent la voie d'entrée pour les plus pauvres d'Afrique. Ceuta se situe tout au bord du détroit de Gibraltar, à quelques dizaines de kilomètres à peine de l'Europe. Melilla est plus loin, 200 kilomètres à l'est.
Ceux qui réussissent à passer les barrages sont pourtant encore loin d'être au bout de leurs peines. Ils sont entassés dans des centres d'accueil où ils attendent des mois, parfois des années, un hypothétique laissez-passer pour l'Europe car aucune de ces deux villes ne fait partie de l'espace Schengen.
Les organisations humanitaires ont à de nombreuses reprises dénoncé la situation des migrants. Cela n'a pas empêché le gouvernement espagnol, avec l'assentiment de tous les gouvernements européens, de renforcer toujours plus ses dispositifs contre les tentatives de passages et de les rendre toujours plus dangereux. À Melilla, le grillage a été triplé et surélevé de 3 à 6 mètres. Et au sommet ont été disposées des lames de rasoirs qui blessent profondément tous ceux qui passent.
Malgré toutes ces mesures, les candidats à l'immigration n'ont jamais été si nombreux. La misère est une pression bien plus forte que toutes les mesures policières des gouvernements. Même si la situation économique européenne est de plus en plus catastrophique, aux yeux des populations pauvres d'Afrique, elle sera toujours meilleure que celle qu'elles doivent subir.
Les barbelés de Melilla qui lacèrent la peau des candidats à une vie meilleure sont bien à l'image de la barbarie et de la férocité de la société capitaliste.