Les syndicats appelaient à manifester contre le projet de réforme ferroviaire qui doit être examiné au Parlement à partir de la mi-juin. Cette réforme est la version SNCF des plans d'attaque que connaissent les travailleurs de toutes les grandes entreprises : éclatement du personnel en trois entreprises distinctes et objectif annoncé de revoir à la baisse l'ensemble de la réglementation du travail (repos, amplitude de travail, etc.) au travers d'une nouvelle convention collective.

À grand renfort de réunions, de papier glacé et de mobilisation des chefs, la direction tente depuis des mois de convaincre le personnel de la nécessité de cette réforme afin, dit-elle, d'être compétitif face à l'arrivée de la concurrence dans le transport voyageurs prévue pour 2019. Eh bien, le succès de cette journée prouve déjà que son baratin ne passe pas.

Cette réforme s'ajoute à l'ensemble des attaques qui frappent les cheminots comme tous les travailleurs. Les salaires sont quasi bloqués. Depuis 2007, la productivité par cheminot a augmenté de 30 %. Dans tous les secteurs, la charge de travail augmente alors que le personnel diminue. Le budget de la SNCF prévoit encore 2 500 suppressions d'emplois en 2014. Les départs en retraite ne suffisant plus à calmer son appétit insatiable de suppressions d'emplois, la SNCF vient de mettre au point un plan de départs volontaires, qui peuvent parfois s'apparenter à des licenciements déguisés.

Les cheminots sont donc bien confrontés aux mêmes offensives que le reste du monde du travail. Qu'ils répondent présent même à une journée isolée montre leur mécontentement, mais aussi le rôle important qu'ils pourraient jouer dans la remobilisation du monde du travail. Par leur nombre, leur concentration, leur présence à l'échelle de tout le territoire, ils pourraient populariser des luttes, oeuvrer à les généraliser.

En tout cas, telle devrait être la tactique des organisations syndicales : s'appuyer sur les secteurs les plus combatifs pour tenter d'en entraîner d'autres. Mais nulle part, et pas même en paroles, les organisations syndicales n'affichent une telle volonté de la nécessité d'une telle contre-offensive. À aucun moment, elles ne tentent de relier les attaques contre les cheminots à celles qui frappent l'ensemble des travailleurs.

Il est toutefois possible qu'elles appellent à de nouvelles actions, à l'occasion du dépôt du projet de loi sur la réforme. Quelles que soient les limites que voudront donner les directions des organisations syndicales à ces actions, il faudra s'en emparer pour leur donner le maximum de retentissement et hâter le début d'une véritable riposte ouvrière au gouvernement et au patronat.