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- Lutte ouvrière n°2394
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Dans les entreprises
Sénerval, Strasbourg : Après 80 jours de grève Les travailleurs ont gagné
Au terme de négociations qui se sont achevées le mardi 10 mai, la direction a dû reculer et accéder aux exigences des grévistes, avec un calendrier très précis des travaux énumérés point par point pour mettre aux normes les installations dangereuses, l'obligation d'installation d'un vrai sas de décontamination, la garantie que les 35 heures ne seront pas remises en cause jusqu'à la fin de la délégation de service public au groupe Séché qui gère la Sénerval. Le paiement par la direction des jours non travaillés depuis le 23 avril (droit de retrait), 50 euros d'augmentation des salaires, la création de cinq emplois, la mise à l'écart d'un cadre connu pour son harcèlement, toutes ces revendications ont aussi été signées par la direction dans le protocole de fin de conflit.
Pour que le directeur de Séché cède aux revendications et soit présent aux négociations sous l'arbitrage du préfet, il a fallu un coup de force organisé le 22 mai par les travailleurs, avec l'aide de militants CGT d'autres entreprises, pour interdire l'entrée de l'usine aux camions de l'assainissement de la CUS ainsi que celle de Sari, où s'opérait le transfert des déchets pour les emmener dans d'autres lieux. Quelques kilomètres de camions, menaçant de créer un embouteillage monstre dans tout le secteur, ont décidé le préfet à envoyer les CRS pour débloquer l'entrée de Sari mais surtout, dès la fin de la matinée, à publier enfin l'arrêté qu'il avait pris le 7 mai imposant des travaux à la direction de Sénerval sur les fours dangereux.
Les travailleurs ont néanmoins maintenu leur campement devant l'usine d'incinération avec leur grande tente « cuisine, salle à manger, salon » jour et nuit jusqu'au 11 juin, jour où ils ont décidé la reprise, estimant qu'ils avaient gagné l'essentiel de ce qu'ils demandaient.
Cette victoire, les travailleurs de Sénerval la doivent à leur détermination, à leur cohésion sur leurs exigences et à leur volonté de ne pas laisser leur peau au travail, avec le soutien actif de l'UL et de l'UD CGT de Strasbourg et des militants CGT d'autres entreprises.
Les travailleurs reprennent en se promettant de ne rien laisser passer et d'être particulièrement vigilants à la réalisation des travaux de sécurisation des installations, car ils sont les mieux placés pour en mesurer les dangers. Et ils ont appris dans cette lutte que les élus à la municipalité ou à la CUS, qu'ils se disent PS ou Verts, ne sont vraiment pas du même monde qu'eux.