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Dans le monde
Chikungunya : Les politiciens font du vent, ça ne chasse pas les moustiques
Aux Antilles, cela fait presque un an que la maladie a fait son apparition. Les autorités et les médias ont longuement insisté sur l'évolution des statistiques épidémiologiques et sur les responsabilités des particuliers dans la prolifération des moustiques. En revanche, pratiquement rien n'a été dit sur les souffrances des malades, leur extrême fatigue et les séquelles persistantes, notamment des douleurs articulaires.
La campagne radiotélévisée pour prévenir la maladie a été faite au moment où, sur les deux îles, plus de 120 000 personnes étaient déjà atteintes. Mais le nombre de malades est en réalité plus important, car beaucoup ne vont pas chez le médecin ou à l'hôpital.
Alors que l'épidémie avait déjà fait d'importants dégâts, des responsables politiques se sont un peu agités. Marisol Touraine, la ministre de la Santé, est venue annoncer quelques mesures, comme le remboursement à 100 % des frais de médicaments, la suppression de jours de carence en cas de rechute, et la venue de quelques dizaines de volontaires et de contrats aidés pour assurer les visites domiciliaires afin d'expliquer aux habitants comment se protéger.
Tout cela arrive un peu tard et cache mal que la prévention n'a pas été faite à temps. Pourtant, on connaissait la maladie, on connaissait le moustique responsable et les moyens de le combattre, on savait depuis l'épidémie à La Réunion que le « chick » risquait de frapper aux Antilles, on connaissait déjà la dengue transmise par le même moustique. Alors, pourquoi ne pas avoir pris bien avant les mesures nécessaires ?
Le chikungunya est, comme la dengue ou le paludisme, une maladie généralement liée au sous-développement. La prolifération des moustiques dans les eaux stagnantes, le délabrement de nombreux logements, l'état déplorable du réseau d'assainissement (quand il existe) ont des effets aggravants.
Mais, si en Martinique et en Guadeloupe il y a une certaine couverture sanitaire, c'est loin d'être le cas dans l'île voisine d'Haïti, l'un des pays les plus pauvres du monde. Le « chick » y sévit là aussi, avec des conséquences encore plus dramatiques. En Haïti, deux ans et demi après le tremblement de terre, des milliers de gens vivent encore sous des tentes, sans eau, sans sanitaire et sans électricité. Et même ceux qui ont un toit ne sont pas toujours mieux lotis.
Les pauvres paieront toujours plus que les nantis, y compris face à la maladie. Le moustique porteur du virus de la dengue et du chikungunya fait des ravages, encore accentués par les inégalités sociales qu'aucun remède médical ne peut éradiquer.