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Portugal : La santé des classes populaires sacrifiée
Les délais d'attente pour un rendez-vous avec un spécialiste ou une opération sont devenus insupportables et dangereux, souvent sept mois ou plus, Les hôpitaux publics manquent de médicaments et de matériel de base : gel désinfectant pour les mains, draps, vêtements pour les patients... En conséquence, l'accès aux soins est de plus en plus difficile pour les classes populaires paupérisées par la crise, qui ne peuvent pas payer les 60 ou 80 euros que coûte par exemple une consultation chez un spécialiste dans le privé.
Cette détérioration est la conséquence directe des coupes drastiques effectuées par les autorités dans le budget de la santé publique, qui a diminué de 14 % entre 2010 et 2014, d'un milliard et demi d'euros ces deux dernières années. Ces mesures faisaient partie de celles exigées par la « troïka » (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Union européenne) dans le cadre de l'austérité qu'elles ont imposée en 2011 au Portugal en échange d'un prêt accordé au pays, alors dans l'impossibilité de se financer sur les marchés.
Le Service national de santé (SNS), mis en place après la révolution des OEillets en 1974, avait pourtant permis au Portugal de rejoindre les pays où les conditions de santé sont les meilleures. Le Portugal a par exemple été en pointe en termes de réduction de la mortalité infantile ou de progression de l'espérance de vie.
Au moment de la mise en place du SNS, le droit à la santé gratuite pour tous avait été inscrit dans la Constitution portugaise. Mais cela ne garantit manifestement rien pour les classes populaires, auxquelles les dirigeants au service de la bourgeoisie font payer la crise.
Au Portugal, des personnels hospitaliers dénoncent cette évolution et la détérioration de leurs conditions de travail qui l'accompagne. En mai-juin déjà, des grèves et des manifestations d'infirmiers et de médecins ont eu lieu pour la défense du SNS. Le mouvement a repris dernièrement, avec une grève de tous les personnels de santé en Algarve, le 22 août. Elle a été suivie à près de 100 % dans les hôpitaux de Lagos, Portimao et Faro. À l'hôpital de Santarem, au nord de Lisbonne, il y a eu quatre jours de grève. Le 25 août c'est celui de Barreiro, au sud de la capitale, qui a été touché, et le 26 le centre hospitalier de Lisbonne Centre.
Comme dans tous les pays, les travailleurs devront modifier en leur faveur le rapport de force avec la bourgeoisie, pour mettre un coup d'arrêt aux attaques criminelles contre leurs droits.