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- Lutte ouvrière n°2404
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Editorial
Valls I, Valls II Une même politique au service des patrons !
Le gouvernement Valls a démissionné, suite aux critiques de deux de ses ministres, et Valls a constitué un nouveau gouvernement, qui mènera la même politique que le précédent. Valls proclame qu'il ne changera pas de politique, tout comme Hollande qui dit vouloir aller « plus vite et plus loin » !
Ce n'est pas de l'aveuglement ou de l'inconscience. Hollande et Valls veulent poursuivre cette politique, car c'est celle exigée par le patronat. Ils lui obéissent et veulent même aller au-devant.
Gattaz, le dirigeant du Medef, tient son université d'été avec Valls comme invité. Il se dit satisfait du « pacte de responsabilité » de Hollande et de ses dizaines de milliards d'euros d'aides au patronat, mais il le trouve insuffisant. D'après lui aussi, « il faut aller plus loin ».
Le prétexte est toujours le même : il s'agirait de favoriser la croissance, car ce serait le seul moyen de créer des emplois. C'est sous ce prétexte que ce gouvernement, comme les précédents, verse des milliards au patronat. Pour cela, il a taillé dans les dépenses de l'État utiles à la population, revu la législation du travail, facilité les licenciements, augmenté l'âge de la retraite.
Mais voilà, les patrons empochent les aides mais n'investissent pas, ne créent pas d'emplois et même licencient. Et Gattaz a le culot de dire que c'est parce qu'on n'a pas encore assez réduit les droits des travailleurs, pas encore fait tomber tout ce qui limite un peu l'exploitation. Et de prétendre que l'existence du smic, celle de protections contre les licenciements, de « seuils sociaux » à partir desquels les patrons doivent organiser des élections de délégués du personnel et un comité d'entreprise, seraient des contraintes insupportables.
Évidemment, cette fameuse croissance n'est jamais au rendez-vous, car ce n'est pas le chômage, les bas salaires et la misère croissante qui vont relancer l'économie. Mais cela n'empêche pas la richesse des actionnaires et spéculateurs de tout acabit d'augmenter et de s'étaler de façon scandaleuse. Pas étonnant que le patronat en redemande ! Et Hollande s'apprête à le satisfaire.
Les politiciens de droite, de l'UMP au FN, le critiquent avec d'autant plus de mauvaise foi qu'eux-mêmes ne connaissent pas d'autre politique que celle que mène Hollande, et qui d'ailleurs est dans la continuité de celle de Sarkozy.
Face à l'impopularité de Hollande, Montebourg a pris la tête des frondeurs, en dénonçant la politique qu'il a lui-même menée. De même l'ex-ministre écologiste Cécile Duflot, Mélenchon ou le Parti communiste font semblant d'être surpris et déçus. En réalité, tous se positionnent pour préparer les prochaines échéances électorales. Mais quelle est leur « politique de rechange » ?
D'après Montebourg, il faudrait forcer l'Allemagne à changer de politique, de façon à ce que l'État en France puisse se permettre plus de déficit. À ce qu'on sait, ce n'est pas Angela Merkel qui a forcé Hollande à verser des dizaines de milliards aux patrons français ! Hollande n'a fait qu'obéir au patronat, et là-dessus Montebourg s'est exécuté.
Alors, pendant que tous ces gens-là défendent les intérêts des patrons, il faut que les travailleurs défendent les leurs, et ils sont opposés. Le problème pour les travailleurs n'est pas le taux de croissance de l'économie, ni de trouver le remède miracle pour que les patrons français fassent de meilleures affaires que les patrons allemands.
Il faut imposer que les richesses produites servent d'abord à la satisfaction des besoins essentiels des couches populaires. Il faut assurer un salaire et un revenu décents aux travailleurs, aux chômeurs et aux retraités, financer les hôpitaux, les écoles, les logements, les transports, les services utiles à la vie de tous. Pour cela, les ressources existent largement, malgré la crise et avec ou sans croissance. Il faut prendre sur les profits qui aujourd'hui disparaissent dans la spéculation.
Cela, seuls les travailleurs pourront l'imposer. C'est possible, car ils ont le nombre, la force, et ce sont eux qui produisent toutes les richesses. Et c'est indispensable pour mettre un coup d'arrêt à une politique qui enfonce toute la société dans une crise catastrophique.
Éditorial des bulletins d'entreprise du 25 août