L'indemnisation du chômage : Un petit progrès et beaucoup de reculs29/10/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/10/une2413.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'indemnisation du chômage : Un petit progrès et beaucoup de reculs

Tout et n'importe quoi a été dit à propos des chômeurs, jusqu'à les présenter comme des privilégiés, alors que la majorité d'entre eux n'a même pas ou plus droit à une indemnisation de l'assurance chômage. Un nombre toujours plus grand d'ex-salariés rejoignent cette catégorie, celle qui ne touche que les minima sociaux, voire plus rien.

Quant à ceux qui font partie des chômeurs encore indemnisés, voici leur situation. Pour avoir droit à une indemnisation chômage, il faut avoir travaillé 610 heures au cours des 28 mois précédents, même de façon discontinue. Cela ouvre alors droit à une durée d'indemnisation égale au temps travaillé. Un jour travaillé vaut donc un jour d'indemnisation. La durée maximale d'indemnisation est de 24 mois pour les chômeurs ayant moins de cinquante ans au démarrage de leur indemnisation, et de 36 mois pour les cinquante ans et plus.

La nouveauté est ce qui a été appelé les « droits rechargeables ». Quand un demandeur d'emploi indemnisé reprend une activité temporaire, non seulement son temps de travail lui ouvre une durée d'indemnisation égale au temps travaillé, comme auparavant, mais cette durée est majorée du double de ce temps de reprise d'activité. Cette mesure est incontestablement un progrès pour ceux qui enchaînent les contrats courts, CDD ou intérim, à condition que leur période d'inactivité ne soit pas trop longue.

Pour une mesure positive, d'autres sont à la baisse, comme les conditions d'indemnisation.

Le nouveau calcul des délais de carence - le délai avant versement des indemnités de chômage - a été modifié, entraînant un recul considérable. Jusqu'à présent, quand le salarié licencié touchait plus que les indemnités légales ou conventionnelles, le début de son indemnisation au titre du chômage pouvait être repoussé au maximum de 75 jours. Aujourd'hui, ce délai peut atteindre six mois. Les licenciements économiques ne sont pas concernés, mais tous les autres, plus de 90 %, le sont, tout particulièrement les centaines de milliers de licenciements opérés par voie de conventions dites individuelles et amiables. Celles-ci se sont multipliées et permettent aux employeurs de se débarrasser de leurs salariés sans procédure particulière, quitte à verser une petite prime... qui sera autant de moins que versera l'Unedic !

Pour ceux dont le dernier salaire était inférieur à 1 500 euros brut par mois, le montant de l'indemnisation est de 40,4 % de ce salaire brut, à laquelle s'ajoutent 11,54 euros par jour. Cela concerne donc les salariés les moins payés, smicards ou salariés à temps partiel, dont le montant de l'indemnisation n'a fait que baisser avec le temps, du fait des retards accumulés de la revalorisation de la partie fixe. Ainsi, dans les dix dernières années, le taux horaire du smic a été revalorisé de 25 %, mais la part fixe pour les chômeurs les moins payés n'a été revalorisée que de la moitié.

Quant aux chômeurs dont les derniers salaires calculés sur l'année ont été supérieurs à 1 500 euros par mois, l'indemnisation est de 57 % de cette base, contre 57,4 % auparavant. Là aussi, il n'y a pas de petites économies.

Et c'est cette indemnisation au rabais que la propagande patronale, et y compris gouvernementale, présente comme des « privilèges » accordés aux chômeurs !

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