La guerre qui se prolonge en Syrie, attisée par le jeu des puissances impérialistes et les appétits des puissances régionales, a déjà contraint près de la moitié de la population à abandonner son habitation. Plus de trois millions de Syriens ont réussi à se réfugier à l'étranger. Ils survivent, pour la plupart dans des conditions épouvantables, dans des camps improvisés en Jordanie, en Turquie ou au Liban. Là, concentrés dans la vallée de la Bekaa, ils sont réduits en plein hiver à survivre sous des bâches en guise de tentes, dormant sur des nattes à même la terre, sans moyens de payer le combustible pour se chauffer. 24 euros par mois sont alloués aux réfugiés par le Programme alimentaire mondial, mais la moitié d'entre eux les touchent et cette somme suffit à peine à payer les produits alimentaires de base pour nourrir les familles. Au froid s'ajoute la disparition des travaux agricoles saisonniers, qui permettaient de tenir le coup.

Tous ceux qui en ont les moyens cherchent à fuir, et se retrouvent aux mains des mafias de passeurs qui leur extorquent plus de 6 000 euros par tête pour être ensuite abandonnés dans des bateaux fantômes aux abords des côtes européennes. Les grandes puissances, jamais avares de déclarations larmoyantes sur le sort des populations des pays en guerre pour justifier leurs interventions impérialistes, gardent leurs frontières de plus en plus hermétiquement fermées. Si l'Union européenne a promis du bout des lèvres d'accueillir à l'avenir 100 000 réfugiés syriens, une part infime du total, elle a commencé par réduire encore les moyens pour venir en aide aux réfugiés en perdition qui traversent la Méditerranée. Le nouveau programme de surveillance des côtes européennes, Triton, prévoit de laisser les navires sans aide sur un espace maritime encore plus vaste, afin d'empêcher les réfugiés ne serait-ce que de débarquer à terre.

Quant à la France, en 2014 les autorités n'ont autorisé que 4 000 Syriens à s'y installer. Le ministre de l'Intérieur a d'ailleurs parfaitement illustré le cynisme du gouvernement socialiste en la matière. Se rendant la veille de Noël à une messe en présence de réfugiés irakiens, il n'avait comme solution à leur proposer que de « garder espoir ».

De solutions, les réfugiés n'en ont, au départ comme à l'arrivée, aucune à espérer de ces gens-là.