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- Lutte ouvrière n°2426
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Leur société
Collecte du sang : La loi du profit
Mardi 27 janvier, les salariés de l'Établissement français du sang (EFS) ont fait grève pour protester contre la remise en cause du monopole de l'EFS et ses répercussions en termes d'emplois. En effet, en France, l'EFS est seul habilité à collecter des produits sanguins (sang, plasma et plaquettes). La collecte se fait par le biais de campagnes de dons volontaires et gratuits. Dans d'autres pays - 70 dans le monde, selon l'OMS - la collecte est rémunérée et assurée par des laboratoires privés.
Les inquiétudes des salariés de l'EFS, dont les syndicats annoncent la suppression possible de 500 à 1 200 emplois sur un total de près de 10 000, sont justifiées, car le gouvernement semble décidé à céder au privé tout ou partie de la collecte du sang. Ainsi, en juillet 2014, le Conseil d'État a autorisé le laboratoire suisse Octapharma à commercialiser un plasma SD dont la préparation demandait un traitement industriel par solvant-détergent (d'où SD). Pour Octapharma, cela fait de ce plasma un médicament que seuls des laboratoires pharmaceutiques peuvent collecter et vendre. Et l'EFS n'est plus autorisé à le vendre puisqu'il n'a pas le statut de laboratoire pharmaceutique et ne peut commercialiser des médicaments.
D'autres laboratoires pharmaceutiques, australien (CSL Behring), américain (Baxter), s'associent à Octapharma pour obtenir que la collecte rémunérée du sang soit légalisée en France. À la clé, ils espèrent augmenter encore leurs parts de marché. Un rapport parlementaire de 2013 estime que déjà 40 % des produits dérivés du sang achetés par les hôpitaux français sont composés de sang de donneurs rémunérés. Et la France ne représente qu'une petite partie d'un marché mondial des produits sanguins évalué à environ 12 milliards d'euros.
Dans ce système capitaliste, on fait du fric avec tout, y compris avec le sang.