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- Lutte ouvrière n°2435
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Editorial
Ne pas se laisser abuser par les péripéties électorales, renouer avec le combat des travailleurs
Le verdict du second tour des départementales est tombé : c’est la Bérézina pour le Parti socialiste. La droite dirigera désormais 67 départements, soit les deux tiers d’entre eux. Comme lors des élections municipales où le PS a perdu 150 villes de plus de 9 000 habitants, les élus socialistes locaux payent pour le discrédit du gouvernement.
Bien que « locale », toute la campagne des départementales s’est faite sur des enjeux nationaux et a constitué pour les partis qui ont pu se présenter à l’échelle du pays un galop d’essai pour les prochains scrutins.
Avec 28 départements gagnés, l’UMP, et Sarkozy en particulier, se voit reprendre le pouvoir en 2017. De son côté, Marine Le Pen a rebaptisé son parti « premier parti de France » parce qu’au premier tour, il a drainé un quart des voix, soit, en comptant les 50 % d’abstention, un électeur sur huit. Elle, aussi, se voit « en route pour le pouvoir ».
Quant à la colère des électeurs du PS, « elle a été entendue », dit Valls. Mais il persiste et signe dans sa politique antiouvrière. Il serait même en train de préparer un nouveau contrat de travail grâce auquel l’employeur serait encore plus libre de licencier !
Les grands partis de la bourgeoisie voudraient continuer à nous lanterner d’échéance électorale en échéance électorale alors que celles-ci ne servent qu’à redistribuer les postes et les sinécures entre politiciens. Ils veulent réduire toute la vie politique à ce simulacre de démocratie avec, en apothéose, l’élection présidentielle dont on nous dit qu’elle peut changer la vie de la population.
Mais changer la vie des travailleurs, ce serait faire reculer les licencieurs et inverser le rapport de force avec le patronat pour limiter l’exploitation, la précarité et les bas salaires. Ce serait s’en prendre aux profits pour pouvoir embaucher et verser des salaires qui permettent de vivre. Ce serait mettre sous contrôle, non pas les chômeurs, mais tous ces grands groupes qui pillent les caisses de l’État et profitent du chômage de masse.
Aucun des partis qui se vantent d’être « l’alternance » ne le veulent. Le FN pas plus que les autres. Car si le FN multiplie les promesses électorales, il y a une chose qu’il ne veut pas, c’est remettre en cause le grand patronat et l’exploitation capitaliste. S’il accuse des travailleurs jetés à la rue ou les immigrés d’être des « assistés », il n’a pas un mot pour dénoncer l’assistanat en grand que l’État a mis en place pour les banquiers et pour le grand patronat. Cela juge le camp dans lequel il se place.
Comme le PS et l’UMP, le FN postule au pouvoir pour servir le système de la bourgeoisie. Au jeu électoral qui oppose tous ces partis, les perdants seront toujours les travailleurs.
Les élections déforment même l’expression de l’opinion de l’électorat tant les tripatouillages des appareils politiques et les alliances sans principe se multiplient. Et c’est sans parler du chantage au vote utile où l’on nous explique, à gauche, qu’on ne doit plus voter pour ses idées parce qu’il faut se rassembler pour faire barrage à la droite ou au FN.
Eh bien non, la vie politique ne doit pas se résumer à ce genre de mascarade. Il faut que les travailleurs affirment leurs intérêts en dehors des élections.
Les travailleurs peuvent peser sur la vie politique en utilisant leurs propres moyens : leur force collective et leur capacité de se révolter. Ils l’ont fait à de multiples reprises dans l’histoire. C’est dans ces moments-là, en juin 1936 ou en mai 1968, qu’ils ont réussi à faire progresser la condition ouvrière, et il en sera de même demain.
Les urnes sont rangées pour quelques mois. Mais les travailleurs ne sont pas condamnés au silence. Il faut s’emparer de toutes les occasions qui nous sont offertes pour dire notre opposition à la politique du gouvernement.
La journée du 9 avril, où la CGT, FO, la FSU et Solidaires appellent à faire grève et à manifester, en sera une. Il faut s’en saisir pour exprimer nos propres revendications.
Cette journée permettra aussi de s’adresser à tous ceux qui, dans la classe ouvrière, sont trop abattus pour se battre ou se réfugient dans la passivité. Le 9 avril, montrons qu’il y a des femmes et des hommes qui ne se laissent lanterner ni par le gouvernement et ses espoirs de reprise, ni par les fausses promesses d’alternance de l’UMP et du FN.
Les travailleurs qui se préparent au bras de fer inévitable avec le gouvernement et la bourgeoisie doivent chercher à entraîner leurs camarades de travail pour qu’ils commencent à reprendre confiance en leur force collective.
Éditorial des bulletins d’entreprise du 30 mars