Tunisie : « réconciliation nationale » et hypocrisie01/04/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/04/2435.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Tunisie : « réconciliation nationale » et hypocrisie

Dimanche 29 mars, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Tunis à l’appel, entre autres, du président Caïd Essebsi, de la place Bab Saadoun vers le musée du Bardo, où, le 18 mars, vingt-deux personnes avaient été tuées par deux ou trois djihadistes.

Les manifestants sont restés bloqués loin de leur but : une autre manifestation, soigneusement protégée, rassemblait devant le musée, au bras du président, quelques chefs d’État et de gouvernement. Matteo Renzi, Ali Bongo, Mahmoud Abbas étaient là, ainsi que François Hollande, tout juste sorti de l’isoloir. Il s’agissait, clairement, de rééditer à Tunis le rassemblement d’union nationale du 11 janvier à Paris, avec les mêmes arrière-pensées politiciennes, destinées à laisser croire au « tous unis contre le terrorisme ».

Et en effet, tous les politiciens tunisiens étaient là : anciens de l’époque du dictateur déchu Ben Ali, ce qui est le cas du président Caïd Essebsi lui-même, anciens membres de la « troïka » qui ont gouverné le pays à la suite de janvier 2011, et même caciques du parti islamiste Ennahda, dont le dirigeant Rached Ghannouchi avait condamné l’attentat et appelait à la « réconciliation nationale » et à « défendre la patrie et préserver la liberté ».

Devant cet assaut d’hypocrisie de la part d’Ennahda, qui coopère au gouvernement avec Nidaa Tounès, le parti d’Essebsi, le porte-parole du parti de gauche Front populaire, Hamma Hammami, a refusé de participer à cette démonstration en raison de la présence d’Ennahda qui, en effet, s’est toujours gardé de condamner les exactions salafistes contre les femmes et les militants de gauche, et avait couvert l’assassinat par des voyous islamistes radicaux des militants de gauche Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.

Mais la brochette de politiciens laïques présents en première ligne n’était pas pour autant dénuée de responsabilité dans la situation qui favorise le terrorisme des djihadistes : le chômage et la pauvreté persistante en Tunisie, tout comme les interventions guerrières de l’armée française en Afrique continuent d’entretenir le terreau où se développent les bandes armées ralliées à l’organisation État islamique.

Partager