Burn-out : le patronat ne veut pas en entendre parler27/05/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/05/2443.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Burn-out : le patronat ne veut pas en entendre parler

En marge du projet de loi sur le dialogue social, une poignée d’élus, dont l’ex-ministre Benoît Hamon, se proposent de faire reconnaître en maladie professionnelle le burn-out, l’épuisement des salariés au travail.

Selon un cabinet spécialisé, 3,2 millions de personnes sont victimes de ce stress au travail, dont les symptômes sont encore discutés par les spécialistes des maladies professionnelles. Trop de travail et de pression, absence de reconnaissance, peu de vie privée et la menace permanente du chômage : voilà ce qui conduit de très nombreux salariés à lâcher prise. Hier on aurait parlé de dépression nerveuse, aujourd’hui on parle de burn-out ou d’effondrement professionnel.

La CGC-CFE est montée au créneau pour défendre ses adhérents qui en sont victimes. Mais, avec des millions de travailleurs concernés, le burn-out touche toutes les catégories, y compris les ouvriers, dont le corps est en outre brisé par les troubles musculo-squelettiques, eux aussi en augmentation.

À la source de ce mal, il y a évidemment l’intensification du travail qui fait qu’on en demande toujours plus aux salariés, cela d’autant plus que le chômage a écarté de l’activité des millions de femmes et d’hommes. Partout, le patronat impose aux salariés d’en faire plus avec des effectifs réduits. Que demandent les personnels soignants, ou les enseignants en lutte contre une énième réforme, ou les ouvriers face aux restructurations à répétition ? De l’embauche ! Mais le patronat, lui, fait la sourde oreille.

Des élus socialistes essayent ici de manifester leur différence avec le gouvernement, pour tenter d’échapper demain au couperet électoral. Ils ne nient pas que l’organisation du travail est en cause, mais leur objectif est plus modeste : faire qu’un peu plus de salariés soient reconnus en maladie professionnelle. Pour un salarié qui en a été victime, faire reconnaître le burn-out relève du parcours du combattant tant les critères sont restrictifs. Le plus difficile étant de faire admettre que la cause est le travail et rien d’autre. 239 salariés seulement ont pu faire reconnaître leur maladie.

Les critères étroits de la branche maladie de la Sécurité sociale ne sont pas seuls en cause : le patronat ne veut pas entendre parler de reconnaissance du burn-out. Il est dans le même état d’esprit que face à la loi sur la pénibilité, dont il vient d’obtenir qu’elle soit retoquée en sa faveur. Sans parler de ceux qui veulent jeter à la poubelle le Code du travail.

Le patronat risque d’autant moins d’y céder qu’il y a aussi un enjeu financier. En cas de reconnaissance du burn-out, la charge financière pèserait non plus sur la branche maladie, mais sur l’employeur. C’est un enjeu de plus de quatre milliards d’euros. Les élus partisans de la reconnaissance du burn-out disent qu’elle obligerait les employeurs à respecter plus les salariés, mais c’est sans doute l’inverse : pour qu’ils reconnaissent le burn-out, voire en suppriment les causes, il faudra d’abord les obliger à respecter les salariés.

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