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- Lutte ouvrière n°2447
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Leur société
Sarkozy à l’aise dans les eaux sales du FN
« Une canalisation qui explose » et qui « se déverse dans la cuisine », voilà comment Sarkozy a qualifié l’arrivée des migrants lors d’une réunion de militants de son parti dans le Val d’Oise, le 19 juin.
Salué par les rires gras des jeunes arrivistes qui voient en lui le futur président, Sarkozy cherchait à faire un bon mot pour plaire aux électeurs racistes. La boutade vulgaire se voulait pédagogique. Elle n’a fait que souligner l’ignominie ordinaire, le mépris des « bien nés » pour les pauvres en général. L’ancien président parlait là de dizaines de milliers d’hommes, de femmes, d’enfants ayant bravé tous les risques pour survivre ; de milliers de réfugiés disparus en cours de route ou lorsque l’embarcation où ils ont été entassés a coulé, les entraînant au fond de la Méditerranée.
Sarkozy n’a fait qu’ajouter sa petite variante au refrain xénophobe du Front national qui voudrait faire des migrants les responsables de l’aggravation des conditions de vie ici même. Comme si les pays de la riche Europe ne pouvaient accueillir quelques centaines de milliers de migrants supplémentaires ? Comme si les gouvernements européens n’étaient pas en grande partie responsables du chaos que subissent les peuples en Syrie, en Irak ou en Érythrée ? Comme si les pays impérialistes européens n’avaient pas une dette immense vis-à-vis des peuples des pays pauvres qu’ils continuent à piller après les avoir condamnés au sous-développement ?
En réaction au propos crasseux de Sarkozy, Hollande en voyage en Slovaquie a pu prendre une posture humaniste, soulignant de toute sa mollesse que son ancien rival parlait tout de même d’êtres humains. Valls, en direct du salon du Bourget, a surenchéri. Mais c’est pourtant son gouvernement qui se vante de la hausse du nombre des expulsés et qui refuse même d’accueillir en France les 4 051 des migrants d’Italie et les 2 701 de Grèce que l’Union européenne proposait de répartir entre ses membres, sur les 40 000 arrivés depuis le mois d’avril.
Les politiciens de tout bord sont prêts à faire le voyage dans le pays d’origine des migrants pour vendre à prix d’or des engins de mort aux gouvernements qui les oppriment. Mais à ceux qui les fuient, ils n’ont à proposer, en plus de la matraque et des barbelés, que leur mépris.