États-Unis : terrorisme d’extrême droite contre le droit à l’avortement02/12/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/12/2470.jpg.445x577_q85_box-0%2C62%2C822%2C1128_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : terrorisme d’extrême droite contre le droit à l’avortement

Vendredi 27 novembre, trois personnes ont été tuées et neuf autres blessées dans un centre de planning familial à Colorado Springs par un homme armé d’un fusil.

À l’issue de la prise d’otages, l’homme a été arrêté et, bien que la presse l’ait qualifié de « désaxé vivant seul », il est évident que son acte est inspiré par la nouvelle offensive des extrémistes chrétiens, laquelle provoque une forte recrudescence de la violence contre les cliniques pratiquant l’avortement.

Le lieu attaqué est géré par Planned Parenthood, une association à but non lucratif, financée par des subventions publiques, qui fournit dans ses 700 centres des soins gynécologiques, examens, contraception et aussi IVG, à près de trois millions de femmes chaque année aux États-Unis. L’association est devenue depuis juillet dernier la cible des milieux chrétiens d’extrême droite, après que des activistes anti-IVG ont publié une vidéo sur YouTube, tournée en caméra cachée, mais tronquée et arrangée, censée prouver que Planned Parenthood se livrerait cyniquement à la vente d’organes prélevés sur des fœtus.

Dans le cadre des primaires républicaines et de la course à qui sera le plus réactionnaire, et donc le plus anti-avortement, des politiciens républicains ont utilisé cette vidéo pour réclamer la suppression du financement public pour le planning familial. Ils ont ainsi donné à cette manipulation un impact national et créé un climat propice pour que les plus violents passent à l’acte. Les menaces de mort et les agressions se sont multipliées, quatre cliniques ont été touchées par des tentatives d’incendie et plusieurs ont été vandalisées. Certains médecins doivent à nouveau vivre dans une quasi-clandestinité, changeant d’hôtel à chaque fois qu’ils se rendent dans l’État où ils pratiquent l’avortement. Des candidats républicains à la Maison-Blanche ont accusé l’association de « vendre des bouts de bébés morts », des mots qu’a repris, selon des témoins, l’auteur de la tuerie du 27 novembre.

La politique de terreur contre les différentes institutions pratiquant l’IVG n’est pas nouvelle. Depuis 1993, onze personnes ont été assassinées aux États-Unis dans des cliniques pratiquant l’IVG par des gens qui prétendent défendre la vie.

Et les femmes en payent le prix fort. Depuis les années 1980, le droit à l’interruption volontaire de grossesse régresse dans les faits de façon catastrophique. En 1982, quelques années après la légalisation de l’avortement aux États-Unis, il y avait près de 3 000 centres le pratiquant. Il y en a aujourd’hui moins de 1 800 et le nombre continue de décroître régulièrement.

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