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Leur société
Cahuzac : fraudeur et incompris
Accusé de fraude fiscale et de blanchiment de fraude fiscale, Jérôme Cahuzac a comparu devant le tribunal correctionnel de Paris.
Cet ancien ministre du Budget, sous le gouvernement socialiste de Jean-Marc Ayrault, avait acquis une (petite) célébrité pour s’être fait le chantre de la lutte contre les fraudeurs du fisc, qui transfèrent leur argent dans des paradis fiscaux. En même temps, il dissimulait depuis vingt ans l’équivalent d’un million d’euros dans une banque suisse. Pendant plusieurs mois, jusqu’en avril 2013, il s’était posé en blanche colombe salie par la bave de méchants crapauds, jusqu’à ce que sa femme, alors en procédure de divorce, crache le morceau. Aussitôt, tous les politiciens, du PS à l’UMP, dont certains sont aussi sinon plus corrompus que lui, avaient manifesté une vertueuse indignation contre cet homme qui avait osé « mentir au peuple ».
Cahuzac ayant déjà été condamné à une amende pour ses comptes cachés, dès l’ouverture du procès ses avocats ont plaidé le non-cumul des poursuites fiscales et pénales et demandé son report. Le vice-procureur, se faisant une joie de lui dire qu’il encourt pas moins de huit peines cumulées, allant de l’emprisonnement à la confiscation de ses biens, a enfoncé le clou en lui rappelant aussi que, « lorsqu’il était ministre du Budget, il ne s’était jamais ému du problème que poserait le fait de poursuivre un citoyen à la fois au plan fiscal et au plan pénal ».
Le juge a néanmoins tranché pour le report du procès en septembre.
Aujourd’hui, l’ancien chirurgien esthétique et propriétaire d’une clinique privée, ancien élu et ancien ministre, se présente au tribunal comme un pauvre retraité qui aurait tout perdu : argent, travail, femme, amis et relations. Il ne lui resterait que sa retraite de parlementaire, avec le golf comme seule consolation… Un vrai paria, en somme.