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Leur société
Distribution : l’exploitation des gérants-mandataires
La supérette Leader Price Express de la rue Saint-Blaise, à Alençon dans l’Orne, a définitivement baissé le rideau. La direction du groupe Casino, après quinze mois d’ouverture, a jugé le chiffre d’affaires insuffisant et licencié le couple de gérants qui la tenait. Ils se retrouvent sans emploi et sans logement avec leurs deux enfants.
Le groupe Casino, propriétaire de Leader Price, a créé en juin 2014 le format Express en remplacement des magasins Petit Casino. En moins de deux ans, plus de 360 magasins ont été transformés ou créés avec un mode de recrutement particulier. Sur le site Internet de l’enseigne, on peut lire que le recrutement est « uniquement réservé aux personnes qui souhaitent entreprendre à deux ». Il faut comprendre par là que le travail d’une seule personne ne peut suffire pour accomplir toutes les tâches afférentes à la tenue et à l’organisation d’un magasin.
Le couple est donc recruté sous le statut de gérants-mandataires non salariés, et rémunéré par une commission exclusivement calculée sur le chiffre d’affaires du point de vente. Pour les « gérants » du magasin d’Alençon, cela s’est traduit, tel qu’ils le décrivent dans une interview au quotidien Ouest-France, par des semaines de 70 heures de travail chacun et 1 500 euros mensuels à eux deux du fait d’un chiffre d’affaires qui est resté très bas.
Ce statut de gérant-mandataire imposé par Casino est tout à l’avantage de l’enseigne, qui contrôle tout et profite du travail sans limite de deux personnes sans rien avoir à débourser. L’enseigne choisit l’emplacement et est propriétaire du fonds de commerce. Elle décide et fournit les produits vendus et fixe toutes les conditions réglementant le travail et le résultat des gérants.
Ce statut est particulièrement développé dans la distribution alimentaire. D’autres statuts existent et se multiplient depuis quelques années, que les travailleurs concernés soient salariés, comme le sont les mandataires dans le secteur du portage de la presse à domicile, qu’ils soient, comme nombre d’auto-entrepreneurs, de faux salariés mais de vrais exploités, qu’on dénombre par dizaines de milliers dans le bâtiment.
Ces travailleurs, que l’on veut diviser des autres par des statuts différents, subissent comme tous une exploitation de plus en plus forcenée et sont une partie de la classe ouvrière.