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Leur société
Parlement européen : le secret des affaires bien gardé
Le 16 avril au Parlement européen, les députés français, du PS à LR et jusqu’au FN, ont contribué à faire adopter une directive visant à renforcer le secret des affaires. Un comble en plein scandale des Panama papers, parfait exemple de ce que permet ce secret !
Ce texte a été préparé sous l’impulsion de grands groupes capitalistes, avec parmi eux des trusts français comme Michelin, Alstom, Safran, etc. Il a été ensuite légèrement modifié face à la protestation de syndicats de salariés et d’associations. Mais, sur le fond, la teneur du document voté reste la même. Des journalistes font ainsi remarquer qu’il sera plus difficile à l’avenir de divulguer des scandales comme celui des Panama papers.
En effet, la définition même de secret des affaires figurant dans cette directive est suffisamment floue et vague pour permettre aux patrons d’attaquer plus aisément en justice les journalistes, les militants ouvriers, les lanceurs d’alerte et tous les salariés qui voudraient rendre publiques les informations acquises sur leurs lieux de travail, comme par exemple des projets de fermeture d’usine ou bien les conséquences nuisibles de certaines productions sur la santé et l’environnement.
Désormais, les patrons décideront de ce qui relève du secret ou pas. La nouvelle directive obligera les lanceurs d’alerte à prouver « la pertinence» de leurs révélations et que celles-ci servent « l’intérêt public ». Ainsi, ils seront plus facilement passibles d’amendes conséquentes, voire de peines de prison. Enfin la directive est considérée comme un droit minimal, c’est-à-dire que les pays auront le droit d’aller plus loin dans la défense des intérêts des patrons. Et on peut faire confiance aux États nationaux et aux gouvernements, de droite comme de gauche, pour ne pas hésiter à en rajouter !
Ceux qui défendent cette directive prétextent la nécessité d’une protection contre l’espionnage industriel et la défense des petites entreprises qui, comme toujours, sert de couverture pour défendre les intérêts des plus grandes ! Mais le secret des affaires n’est nécessaire qu’aux capitalistes, pour leur permettre de mener dans l’opacité leurs sales coups contre les travailleurs et la population.
L’abolition de ce secret permettrait aux travailleurs de connaître et faire connaître les agissements des patrons et donc serait un premier pas pour les contrôler. C’est une revendication fondamentale dans la lutte contre le patronat.