Arrêts de travail : pression sur médecins et salariés03/05/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/05/p13-dessin_0.jpg.420x236_q85_box-0%2C132%2C599%2C468_crop_detail.jpg

Leur société

Arrêts de travail : pression sur médecins et salariés

Le directeur général de l’Assurance-maladie souhaite récompenser financièrement les médecins qui délivreront moins d’arrêts de travail.

Illustration - pression sur médecins et salariés

Depuis 2012, les médecins libéraux peuvent toucher une « rémunération sur objectifs de santé publique » (ROSP). Cette prime versée par la Sécurité sociale dépend du respect d’une vingtaine d’indicateurs, comme l’informatisation du cabinet ou la prescription de médicaments génériques. Elle a été versée en 2015 à 90 000 médecins, pour un montant annuel moyen de 4 500 euros. Marisol Touraine veut maintenant doubler les critères à respecter pour toucher ce treizième mois. En particulier, elle souhaite introduire l’obligation de respecter les durées indicatives fixées par la Sécurité sociale pour chaque pathologie : par exemple, trois jours d’arrêt pour une angine, cinq jours pour une grippe... Le médecin qui dépasserait ces durées ne toucherait cette prime qu’en partie ou pas du tout.

Une telle démarche ne prend pas en compte la situation du patient, la pénibilité de son travail, ses antécédents médicaux, son âge et ses conditions de vie. Cette tentative d’inciter par une carotte financière les médecins à réduire les arrêts de travail renforce une pression exercée depuis des années : contrôle de la Sécurité sociale sur les médecins soupçonnés de prescrire trop d’arrêts et de médicaments, mise au pas de la médecine du travail qui exerce au sein même des entreprises...

Déjà, de nombreux salariés hésitent à demander des arrêts de travail, par crainte de perdre les trois premières journées de salaire, ou de se faire mal voir. Pour les travailleurs précaires, il n’est même pas question de se mettre en arrêt, puisque cela entraîne le plus souvent la fin ou le non-renouvellement de leur CDD ou mission d’intérim. Avec cette mesure en projet, les médecins hésiteraient davantage encore à arrêter leurs patients.

C’est pourtant l’aggravation de l’exploitation et le recul de l’âge de la retraite qui rendent le travail plus pénible. En exerçant une pression supplémentaire pour que les travailleurs restent au travail coûte que coûte, le gouvernement favorise la détérioration des conditions de travail, au bénéfice du patron, et au détriment de la santé des salariés, déjà bien malmenée.

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