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- Lutte ouvrière n°2492
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Dans les entreprises
NTN – Allonnes : grève pour les salaires et la dignité
L’usine NTN d’Allonnes, près du Mans, est un ancien secteur de Renault, vendu dans les années 1990, où l’on fabrique des transmissions pour l’automobile. Depuis la nuit du lundi 25 avril, les travailleurs sont en grève pour des augmentations de salaires.
C’est à l’occasion des négociations annuelles obligatoires que la colère a éclaté. Comme d’habitude, la direction a commencé par pleurer misère, pour proposer une aumône de 0,8 % d’augmentation générale des salaires et 25 euros sur une allocation. Après trois ans de salaires quasiment gelés, cela n’est pas passé !
Il faut dire que, si la direction fait le coup de l’usine qui serait en difficulté, le groupe NTN, lui, est le leader mondial des transmissions automobiles avec 71 sites de production dans le monde. De plus, l’usine compte 650 travailleurs et 150 intérimaires à demeure, ce qui est bien la preuve qu’elle tourne à plein. Alors autant dire que plus grand monde ne croit la direction. Et là, elle a eu la réponse qu’elle méritait.
La grève, démarrée dans la nuit du lundi au mardi, a été relayée par l’équipe du matin et l’équipe du soir. Les défilés dans l’usine ont rassemblé beaucoup de monde, escortés par des huissiers, la DRH, les chefs d’atelier et chefs d’unités.
Non seulement les intimidations de la direction n’y ont rien fait mais au contraire la détermination s’est renforcée. Et, fait marquant, une petite quarantaine d’intérimaires se sont joints à la grève dès le mardi après-midi.
La direction a alors proposé 1,2 % d’augmentation de salaires et 50 euros sur l’allocation. Mais les travailleurs n’en ont pas voulu, ils réclament 2 % et une allocation de 750 euros au total. Et depuis l’entrée des intérimaires dans la grève, ils ont ajouté aux revendications, pour ceux-ci, le passage au coefficient supérieur au bout de six mois dans l’entreprise et surtout l’ouverture du bureau d’embauche.
Le mécontentement des intérimaires s’explique : il y a des salaires de 1 250 euros net pour un opérateur, sans perspective de passer aux coefficients supérieurs. Pourtant ils sont intégrés au fonctionnement de l’usine, au point que l’entreprise d’intérim est présente sur le site. Il faut ajouter que la direction a programmé la délocalisation en Roumanie de lignes de production pour l’usinage et le montage, par étapes jusqu’en 2018. Et évidemment les intérimaires en seraient les premières victimes.
À chaque prise d’équipe, les grévistes refont le tour des ateliers pour convaincre les autres travailleurs. Les pressions des cadres et des huissiers, pour faire monter les tensions et pousser au dérapage, n’ont pas atteint leur but. Les grévistes ressortent alors souvent plus nombreux et vont animer le rond-point devant l’usine où des travailleurs d’autres entreprises apportent leur soutien.
En se mettant en grève, les travailleurs ont relevé la tête dans cette entreprise difficile où se succèdent les pressions des chefs et les sanctions. Beaucoup disent que de toute façon ils ont déjà gagné la dignité. À tel point qu’en fin de semaine, quand la direction a concédé aux intérimaires le coefficient supérieur au bout de six mois de présence, ceux-ci ont refusé de reprendre le travail car les revendications des autres travailleurs n’avaient pas été obtenues.
Pour l’instant la direction joue la montre et la tension, préférant payer vigiles et huissiers qu’augmenter les salaires. Mais elle pourrait bien s’en mordre les doigts. En une semaine de grève elle a perdu beaucoup de production, et elle doit fournir les transmissions à Renault à flux tendu. Jusqu’à quand pourra-t-elle tenir ?
Et puis cette grève fait beaucoup parler dans la ville et recueille un soutien large, comme en témoignent les collectes faites pour soutenir les intérimaires. Mardi 3 mai un rassemblement de soutien aux grévistes était organisé à la porte de l’usine dans le cadre des actions contre la loi travail.