Qatar : Mondial 2022, une exploitation sordide03/05/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/05/2492.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Qatar : Mondial 2022, une exploitation sordide

Dans un rapport publié le 31 mars, Amnesty International met une nouvelle fois en lumière les conditions de vie et de travail effroyables que subissent les travailleurs au Qatar. L’ONG parle de travail forcé.

Les travaux provoqués par l’organisation de la Coupe du monde de football, stades, hôtels, métros, vont engendrer un budget de 100 milliards d’euros et des montagnes de profits, derrière lesquels il y a l’exploitation de dizaines de milliers de travailleurs immigrés. Ceux-ci sont au total 1,7 million et représentent 85 % de la population du Qatar. Venus d’Inde, du Népal ou du Bangladesh, ils s’entassent dans des taudis surpeuplés, travaillent 12 à 14 heures par jour, sept jours sur sept, pour des salaires de misère, parfois payés avec retard ou partiellement. Les patrons confisquent leurs passeports, les rendant littéralement prisonniers à l’intérieur du pays, sous la surveillance violente de la police. Selon une enquête de la Confédération syndicale internationale, 1 200 travailleurs seraient déjà morts sur les chantiers de la Coupe du monde.

Cette situation est connue et dénoncée depuis des années déjà. Mais elle n’entraîne que des protestations hypocrites et purement verbales de la part des gouvernements occidentaux et de la FIFA. En effet, la Fédération internationale de football n’est pas seulement la principale donneuse d’ordres dans cette opération. Elle en est aussi une des principales bénéficiaires, ainsi que ses honorables sponsors, Adidas, Coca-Cola ou McDonald’s. Et, avant même la vente des billets, maillots, droits de retransmission télé et autres retombées publicitaires, les géants industriels occidentaux profitent de la surexploitation des travailleurs du Qatar.

Besix, le leader belge du BTP, chapeaute les travaux des plus grands stades. Systra, filiale de la RATP et de la SNCF, construit avec Vinci le métro de Doha, la capitale. Vinci est d’ailleurs poursuivie par l’organisation humanitaire Sherpa pour travail forcé et réduction en servitude. Pour toute réponse à ces accusations, le directeur de la filiale qatarie de Vinci a déclaré : « Nous gardions les passeports des ouvriers étrangers pour des raisons de sécurité, (…) pour éviter que les ouvriers ne se fassent voler leurs papiers. » Bouygues de son côté accumule les contrats, au point que Martin Bouygues a proclamé devant ses actionnaires en 2012 son plus grand respect pour l’État du Qatar. Et, aurait-il dû ajouter, son plus grand mépris pour la vie des travailleurs que l’émir lui permet d’exploiter.

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