Nathalie Arthaud, dimanche 15 mai : « Rejoignez-nous dans le combat révolutionnaire »18/05/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/05/p7_Fete_2016_Nathalie_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C188%2C398%2C412_crop_detail.jpg

La Fête de Lutte Ouvrière

Nathalie Arthaud, dimanche 15 mai : « Rejoignez-nous dans le combat révolutionnaire »

Illustration - « Rejoignez-nous dans le combat révolutionnaire »

Nous entrons dans une période électorale propice aux marchands d’illusions et aux faiseurs de miracles. Il faut que les travailleurs tirent les leçons du mandat de Hollande. Qu’ils se souviennent aussi, ou se fassent raconter, les trahisons de Jospin et de Mitterrand.

Des lois économiques puissantes s’imposent à tous ceux qui aspirent à gouverner. Ce sont les lois du profit, de la concurrence et du marché. Elles s’imposent même à ceux qui prétendent vouloir faire une politique plus favorable aux exploités. Parce que les politiciens ne sont que les marionnettes aux mains de ceux qui ont le vrai pouvoir, le pouvoir économique.

Alors, tous ceux qui occultent la toute-puissance de la bourgeoisie sur l’économie, ou qui refusent de s’en prendre à sa domination, se vouent à l’impuissance ou, pire, à la servir et à trahir les intérêts des travailleurs.

Il suffit de regarder ce qui s’est passé au Brésil avec Lula, Dilma Rousseff et le Parti des travailleurs, parvenu au pouvoir sur la promesse d’une politique pour les plus pauvres. Il faut regarder ce qui se passe en Grèce avec Tsipras et son parti Syriza, qui a connu une ascension fulgurante en promettant une autre politique. Aujourd’hui ce sont ces partis qui mettent en oeuvre l’austérité !

On peut inventer tous les partis que l’on veut, on peut parler de renouveler la politique, ses méthodes et ses têtes, la question reste celle-ci : soit on se soumet à la bourgeoisie et aux puissances de l’argent, soit on se prépare à la combattre avec la seule force capable de lui tenir tête, les travailleurs mobilisés et conscients de leurs intérêts.

C’est pourquoi nous ne participerons pas aux diverses tentatives pour ressusciter une gauche gouvernementale, qu’elles viennent de Jean-Luc Mélenchon, de Montebourg, des écologistes ou du PCF. Car cela revient à refaire ce qui échoue lamentablement sous nos yeux.

Nous voulons reconstruire un parti ouvrier, qui mette en avant les exigences des travailleurs, des chômeurs, des retraités. Un parti qui prenne position politiquement du point de vue des travailleurs et de leurs intérêts. Pas des intérêts de la France, pas des intérêts des entreprises, car il s’agit alors toujours des intérêts de la bourgeoisie. Nous voulons un parti qui ne véhicule pas d’illusions électoralistes mais qui dise clairement que le seul moyen pour changer la société, ce sont les luttes des
travailleurs eux-mêmes. […]

Reconstruire un parti communiste révolutionnaire

Aujourd’hui comme hier, c’est d’abord dans les têtes que cela se passe. La bourgeoisie ne pourrait pas régner si elle ne dominait pas les esprits avec ses valeurs, l’individualisme et l’enrichissement effréné.

Et, face à elle, il n’y a plus de parti digne de ce nom pour la contrecarrer et porter d’autres perspectives. Pire, les partis que les travailleurs s’étaient donnés pour mettre en avant les idéaux révolutionnaires les ont trahis et discrédités.

Le Parti socialiste a repris à son compte toutes les idées de la bourgeoisie et les relaie depuis longtemps dans les classes populaires. Quant au PC, qui a été, de loin, le plus grand parti ouvrier que la France ait jamais connu, il a abandonné toute perspective révolutionnaire en épousant la politique stalinienne. C’était la révolte, la combativité, le courage et le dévouement de ses militants d’entreprise qui faisaient la force et la réputation du PC. Tout cela a été dévoyé et gâché par sa direction.

Nous célébrons cette année le 80e anniversaire des grèves de mai-juin 1936. Pendant ces grèves et ces occupations, alors que les travailleurs faisaient l’expérience de leur force collective et pouvaient  commencer à envisager de faire tourner les usines sans patrons, Maurice Thorez, le dirigeant du PCF, déclarait : « Il faut savoir terminer une grève. » De la même façon, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale puis en mai-juin 68, le PCF a mis son poids pour freiner la montée ouvrière et protéger l’ordre bourgeois.

Le PCF n’a plus eu qu’un objectif : s’intégrer au système au travers des politiques d’union de la gauche. Au lieu de s’appuyer sur les combats que menaient ses militants, il a cultivé l’électoralisme, faisant croire que tout dépendait de l’élection de tel ou tel, que voter à gauche allait changer la vie des travailleurs ! Autrement dit, pendant des décennies, le PC a été complice de l’imposture du PS.

Ce ne sont pas les travailleurs qui ont failli, mais les directions des partis qui prétendaient les représenter, en brouillant les consciences ouvrières et en écoeurant jusqu’aux meilleurs de leurs militants. Le mouvement ouvrier s’est affaibli, parce que sa direction a abandonné les idées de lutte de classe.

Il faut reconstruire un parti qui défende ces idées. Les partis réformistes ont abandonné jusqu’à ces mots de travailleurs et de lutte de classe, mais les travailleurs sont là, et bien là. Ils sont indispensables au fonctionnement de la société. Ils font tourner la machine à profits et ils se battront à nouveau, parce que ni le patronat ni le gouvernement ne leur laissent le choix.

Alors, nous plaçons notre confiance dans les travailleurs, dans leur capacité collective à transformer la société par en bas. Dans le passé, ils ont prouvé qu’ils pouvaient le faire. Avec la Commune de Paris de 1871 mais aussi avec la Révolution russe de 1917, ils ont fait la preuve qu’ils pouvaient transformer la société, en créer une autre, radicalement différente, basée sur la propriété collective.

Une société sans la domination de l’argent et du profit. Une société et une économie d’abord organisées pour répondre aux besoins de toute la population.

Oui, dans le passé, les travailleurs ont su faire de grandes choses, ils n’ont pas fui les grands combats.
Il leur faut un parti à la hauteur de ce qu’ils sont capables de faire : un parti communiste révolutionnaire.

Le courant communiste révolutionnaire est faible, mais cela peut changer vite. Il se doit de maintenir ses idées vivantes. Il se doit d’être de tous les combats, des combats sociaux, mais aussi des combats politiques. C’est pourquoi, tout en étant convaincus que les élections ne peuvent pas changer notre sort, nous tâchons de nous y présenter à chaque fois, et nous ferons le maximum pour faire entendre le camp des travailleurs lors de la prochaine présidentielle.

Élections : permettre un vote de conscience de classe

Mes camarades m’ont confié la tâche d’être candidate pour cette élection, mais il faut que ce soit notre campagne à tous. L’élection présidentielle a ce petit avantage que nos idées peuvent être entendues à l’échelle du pays, y compris là où nous n’existons pas, ou si peu.

Nous utiliserons toutes les possibilités médiatiques. Mais, les rares fois où les journalistes télé ou radio seront censés me donner la parole, ils s’emploieront à la déformer et à la disqualifier. Il ne faut pas s’étonner : jamais les militants du mouvement ouvrier n’ont eu réellement accès aux moyens de diffusion de la bourgeoisie.

Alors, le succès de cette campagne ne se fera pas par médias interposés. Il dépendra de notre activité militante, de notre force de conviction, de notre capacité à nous faire comprendre des nôtres. Il revient
à tous ceux qui se retrouvent dans nos idées de les diffuser et d’en convaincre leurs amis, leurs collègues de travail, leurs voisins, leurs proches.

Il y a des discussions à mener, des arguments à apporter, des préjugés à combattre, des perspectives à  ouvrir. Beaucoup de travailleurs, écoeurés à juste titre par le spectacle donné par le PS, la droite et le FN, ne s’estiment représentés par aucun parti. Il nous faut nous adresser à eux et les entraîner à faire un vote de conscience de classe.

Cette campagne sera réussie si des centaines de milliers de travailleurs votent pour leur camp, le camp des travailleurs.

Encore une fois, la lutte de classe n’est pas une invention des révolutionnaires, c’est le quotidien de millions de femmes et d’hommes. Le sentiment de classe existe parmi les travailleurs. Il faut que nous le confortions politiquement. Il faut que ce sentiment de classe se transforme en une conscience de classe solide, forte, capable de résister aux pressions de la société bourgeoise et d’orienter les nôtres dans les combats qui se présentent.

Propager ces idées et cette conscience fait partie des efforts nécessaires pour construire un parti. Un parti révolutionnaire peut grandir très vite s’il y a de grandes luttes sociales, lorsque les travailleurs seront déterminés à changer leur sort. Mais il ne se développera que s’il y a, préalablement, des militants capables de rassembler et d’aider à s’organiser ceux qui veulent se battre.

Les élections sont des combats politiques, elles nous donnent l’occasion de propager nos idées, de regrouper tous ceux qui sont prêts à s’impliquer dans la campagne et de rassembler, au travers du vote autour du camp des travailleurs. Alors, je compte sur vous pour nous aider dans cette campagne et pour avancer sur la voie du parti qui est nécessaire au monde du travail. [...]

S’approprier l’expérience du mouvement ouvrier

Crise économique, chômage de masse, guerres, terrorisme, crise des migrants, crise écologique : les dirigeants actuels, qu’ils soient à la tête des multinationales, des grandes banques ou des États, sont non seulement incapables d’apporter quelque solution que ce soit mais, pire, ils poussent l’humanité entière vers le précipice.

Les capitalistes qui dominent l’économie la mènent dans le mur. Comme les milliards qu’ils extraient de la production et de l’exploitation des travailleurs ne leur suffisent pas, ils les jouent au casino de la finance. Autrement dit, plus nous travaillons, plus nous faisons d’efforts et de sacrifices, plus la spéculation augmente. Plus nous risquons le krach généralisé. Y a-t-il plus fou que cette économie ? Il ne s’agit pas seulement du sort des travailleurs, il s’agit de l’avenir de toute la société, en particulier de celui qu’elle réserve à la jeunesse.

Les jeunes des classes populaires sont ballottés de petits boulots en périodes de chômage, de stages non rémunérés en missions d’intérim. Pour espérer un emploi durable et un salaire à peu près correct, tout ce que l’État leur propose est de s’engager dans la police ou l’armée. Autrement dit, ils ont le choix de servir de chair à patron ou de chair à canon !

Bien sûr, la fraction de la jeunesse qui fait des études supérieures peut espérer mieux en décrochant un emploi de cadre, d’ingénieur, de médecin ou d’enseignant. Mais le problème est collectif. Le problème, c’est que même ceux qui peuvent tirer leur épingle du jeu le font au milieu d’un océan de misère et d’injustice.

Alors, aux uns et aux autres, je veux dire qu’il y a un autre avenir. Ne cédez pas au conformisme ! Exprimez votre révolte ! Depuis plus de deux mois, quelques dizaines de milliers de lycéens et d’étudiants ont exprimé leur révolte. Une fraction de ces jeunes est en train de se politiser. Elle a découvert les brutalités policières, les manoeuvres du gouvernement, les tergiversations et les retournements des directions syndicales et ce que vaut la démocratie bourgeoise.

À ceux-là j’ai envie de dire : Vous avez envie de changer le monde ? Tirez toutes les leçons politiques de la situation actuelle, attelez-vous à comprendre les mécanismes et les rapports de classe qui régissent la société. Confortez vos convictions en découvrant les luttes passées des opprimés, de Spartacus aux
grèves de mai-juin 1936. Enrichissez-vous de l’expérience du mouvement ouvrier et des idées de Marx et Engels, de Lénine, de Rosa Luxemburg, de Trotsky.

Reprenez à votre compte les idées du courant communiste révolutionnaire. Ce capital politique résume les expériences de plus d’un siècle de luttes ouvrières vivantes. Des défaites, des victoires et des révolutions ! C’est ce capital qui permettra demain de renverser le vieux monde et de mettre fin à ses inégalités et à toutes les vieilleries qui vont du racisme à la misogynie, en passant par l’obscurantisme.

Rejoignez-nous dans le combat révolutionnaire, pour que les générations futures puissent construire une société de justice, de fraternité, enfin débarrassée des classes sociales et de l’exploitation !

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