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Algérie : l’appétit insatiable de Total
Le groupe Total a engagé une action en justice contre l’État algérien et sa compagnie nationale Sonatrach, pour récupérer une part des taxes versées dans les années 2000 sur l’extraction de pétrole et de gaz en Algérie.
Dans les années 1990, l’Algérie avait déplié le tapis rouge devant les trusts pétroliers occidentaux pour accélérer l’exploitation de ses hydrocarbures, cela à des conditions très favorables pour eux. Puis, dans les années 2000, alors que le cours du pétrole était au plus haut, l’État algérien avait voulu récupérer une part des surprofits réalisés par les sociétés occidentales en créant une taxe sur les profits exceptionnels, au-delà de 30 dollars le baril. Cela n’a pas mis les trusts pétroliers sur la paille, mais certains se sont désengagés d’Algérie pour faire pression. Ils ont ensuite engagé une action en justice auprès d’une cour internationale d’arbitrage, qui s’apprêtait évidemment à leur donner raison. Sous la pression, l’État algérien a restitué depuis 2012 une compensation de plus de 5 milliards de dollars à une société américaine et à un trust danois.
Le groupe Total, allié à l’espagnol Repsol, s’engouffre aujourd’hui dans la brèche, et espère récupérer plusieurs centaines de millions d’euros. Il fait peser à la fois la procédure d’arbitrage, la menace de fermeture du site gazier de Tin Fouyé Tabankort et l’ouverture possible d’un nouveau site d’extraction à 800 km d’Alger. Surtout, Total met en concurrence les pays possédant des sites à explorer en favorisant ceux à la législation la moins contraignante.
Total profite de la position de faiblesse de l’État algérien, dont la production pétrolière a chuté de 20 % en dix ans. Au final, la population algérienne pâtira de ce bras de fer entre les sommets dirigeants algériens et les compagnies pétrolières. Cela ne dérange ni les trusts, ni les dirigeants occidentaux.
Faire des milliards de bénéfices tous les ans aux dépens de la population d’un pays producteur, voilà ce qu’un groupe capitaliste comme Total appelle un « partage équitable des profits ».