Le maintien des 40 % est le point le plus sensible. Cette prime reste en Guadeloupe et dans les autres départements d’outre-mer une revendication récurrente face aux tentatives du patronat et de l’État de la supprimer ou de la casser peu à peu.

La prime de vie chère était à l’origine une prime coloniale que l’État versait aux seuls fonctionnaires métropolitains se rendant en Outre-mer. En 1953 une grève des fonctionnaires soutenue par les travailleurs s’était transformée en grève générale et avait permis d’étendre les 40 % aux fonctionnaires antillais.

Puis peu à peu, dans une petite minorité d’entreprises du privé les employés obtinrent aussi par la lutte cette prime de 40 % dans certaines banques notamment. Dans quelques autres entreprises des primes furent obtenues, de l’ordre de 25 ou 35 %.

La direction du Crédit agricole veut aujourd’hui geler les 40 %.C’est-à-dire ne pas les appliquer aux augmentations de salaire. Elle veut aussi les supprimer aux CDD et aux nouveaux embauchés. C’est une manière de supprimer progressivement cette prime comme l’a fait par exemple France Télécom (Orange aujourd’hui). Voilà en particulier ce qui a motivé la colère des employés du Crédit agricole, en plus de conditions de travail qui se détériorent, en plus de la suppression de postes, de la non-embauche des CDD et du mépris de la direction.

Depuis le début de la grève, les employés sont allés à la rencontre de leurs camarades des autres banques et continuent de le faire. Ils ont aussi organisé un meeting rassemblant 400 personnes jeudi 7 juillet devant le siège, sur le piquet de grève, aux Abymes. Le soutien populaire est visible et perçu par de nombreuses marques de sympathie lors des distributions de tracts aux ronds-points.

Le 22 juillet une journée de mobilisation avec appel à la grève devait être organisée dans l’agglomération de Pointe-à-Pitre par l’ensemble des syndicats en soutien aux grévistes du Crédit agricole et aux autres travailleurs en lutte.

Pour l’instant la direction du Crédit agricole joue la montre en comptant sur une lassitude et une démoralisation des grévistes. Mais ces derniers sont aussi déterminés qu’au premier jour de grève. 97 % des plus de 400 employés du Crédit agricole-Guadeloupe sont en grève, puisque la plupart des cadres le sont aussi. Forts pour l’instant de cette grande participation à leur mouvement, les grévistes n’entendent pas lâcher prise.