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- Lutte ouvrière n°2514
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CICE : bon pour les marges, nul pour l’emploi
Lors de sa création en 2013, le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) était accompagné d’un comité de suivi, chargé de mesurer l’impact de ce dispositif qui permet aux entreprises de diminuer leurs impôts. On sait précisément ce que coûte le CICE aux finances de l’État : 28,7 milliards d’euros pour les deux années 2013 et 2014 et près de 20 milliards par an actuellement.
Mais quelles conséquences le CICE a-t-il eues pour l’emploi, alors que l’objectif initial était la création de 300 000 nouveaux postes en cinq ans ? Là, c’est bien difficile à dire, et au fond on n’en sait rien. Tout d’abord un assez grand nombre d’entreprises, qui ont licencié ou supprimé des postes de travail, ont continué en même temps à bénéficier du CICE. Dans ce cas, il est bien évident que le crédit d’impôt n’a en rien empêché le développement du chômage.
Mais, dans l’ensemble, le comité de suivi ne parvient pas à avoir une réponse claire. Il est à l’origine de deux rapports. L’un estime que le CICE aurait favorisé la création ou la sauvegarde de 45 000 à 115 000 emplois. L’autre rapport ne signale pas d’effet positif sur l’emploi. Le comité de suivi en conclut que le CICE aurait sans doute eu un effet de l’ordre de 50 000 à 100 000 emplois, en croisant les doigts pour que ce soit vrai.
En revanche, les deux rapports estiment que « les entreprises ont consacré une partie importante du CICE à la reconstitution de leurs marges ». Il est donc parfaitement clair que le CICE n’est rien d’autre qu’un très gros cadeau aux entreprises, sans effet notable sur le chômage. Ce que l’on avait bien compris au départ, quand le dispositif a été mis en place.
Par ailleurs, il est question de pérenniser le CICE, et le ministre de l’Économie rappelle son intention de l’augmenter : le crédit d’impôt passerait de 6 % à 7 % de la masse salariale.
Un simple calcul montre qu’avec ces 20 milliards on pourrait créer 750 000 emplois, en versant des salaires de 1 500 euros par mois, en y ajoutant les cotisations sociales : si on avait choisi de privilégier l’emploi plutôt que les profits patronaux.