Le « roman national » : une prison pour les travailleurs05/10/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/10/2514.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le « roman national » : une prison pour les travailleurs

En politique aussi, c’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures soupes. Définir la nation française et s’en prétendre le meilleur représentant, quand ce n’est pas le porte-parole exclusif, fait ainsi partie de l’attirail politicien depuis deux siècles et plus.

Aujourd’hui, Sarkozy vénère ses ancêtres gaulois, Fillon veut raconter le « roman national », Le Pen en appelle aux patriotes et Hollande parle au nom de la France éternelle. Quant à Jean-Luc Mélenchon, ne voulant pas être en reste, il a déclaré que « du moment que l’on est français, on adopte le récit national ».

Rares sont donc ceux qui, comme les communistes révolutionnaires, refusent de chanter la Marseillaise, de se draper de tricolore et d’affirmer « être avant tout français ». Bien sûr, le concept de nation correspond à une réalité, constituée autour d’une langue et d’une histoire, liées ou non à un territoire et à un État. Mais, dans l’histoire de la nation française, on trouve aussi bien les philosophes qui combattirent la monarchie et l’Église et les combattants de la Révolution que les massacreurs des conquêtes coloniales, les généraux qui firent tirer sur les ouvriers insurgés, les Pétain et les Massu. Alors, se référer à la nation ou au récit national est toujours une façon d’entretenir la confusion et de jeter un voile sur les luttes passées et futures.

La bourgeoisie, les possédants se servent du concept de nation pour entretenir l’idée d’une communauté d’intérêts entre exploiteurs et exploités, toujours au bénéfice des premiers. Le roman national cher aux politiciens de tous bords n’est jamais que l’accompagnement intellectuel de la recherche du profit par les bourgeois. Il se transforme régulièrement en cauchemar national lorsque les capitalistes veulent entraîner toute la population dans leurs guerres ou enchaîner les travailleurs aux intérêts des patrons, comme aujourd’hui. C’est au nom de l’intérêt national que le gouvernement prétend imposer les sacrifices aux travailleurs, un intérêt national qui est dans ce cas très directement l’intérêt sonnant et trébuchant du capital. Et cela peut aller jusqu’à dresser une nation contre les autres, les armes à la main. Mais, là encore, ce sont les travailleurs qui combattent et meurent pour les marchands de canons et les banquiers.

La nation est aussi le premier cadre où se déroulent les luttes des travailleurs. Et le combat politique, surtout lorsqu’il est encore limité au cadre électoral, commence forcément sur le terrain national. Mais la classe ouvrière, à la différence de la bourgeoisie, est une classe internationale. Elle fait fonctionner collectivement l’économie à l’échelle du globe. Ce système entravé précisément par les frontières et les États, la classe ouvrière devra le transformer, bâtir une économie collective, gérée à l’échelle du globe. Elle n’a rien à gagner à défendre des institutions qui sont à la fois des vestiges du passé et des armes aux mains de ses ennemis.

Les travailleurs doivent laisser les romans nationaux aux capitalistes et à leurs défenseurs : leur lutte est par vocation internationale.

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