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Leur société
Le scandale du Mediator : le combat contre les laboratoires Servier continue
Neuf ans après la révélation par la médecin pneumologue Irène Frachon des dangers mortels du Mediator, produit par les laboratoires Servier, et responsable de la mort de près de 2 000 personnes, la lutte pour que toutes les victimes soient indemnisées continue. La sortie du film « La fille de Brest » remet au-devant de l’actualité ce scandale sanitaire.
Ce n’est qu’en novembre 2009 que ce médicament fut retiré du marché après y être resté des années alors que les Laboratoires Servier n’ignoraient pas les risques. Le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) dénonça alors « la stratégie des Laboratoires Servier qui, pendant trente-cinq ans, sont intervenus sans relâche auprès des acteurs de la chaîne du médicament pour pouvoir poursuivre la commercialisation du Mediator ». En octobre 2015, huit ans après la révélation du scandale, la responsabilité civile des Laboratoires Servier était finalement reconnue par le tribunal de grande instance de Nanterre.
Mais la procédure est très loin d’être terminée. Les représentants de Servier ont les moyens de payer une armada d’avocats qui font tout pour la faire durer.
Un Fonds public d’indemnisation des victimes du Mediator, créé en 2011, est censé prendre en compte les demandes des malades, et Servier… est censé payer. Mais il a été prévu qu’en cas de refus de Servier, ce soit l’État qui avance l’indemnisation. Autrement dit, ce sont les contribuables qui, via ce fonds, sont appelés à payer.
Le premier problème pour les victimes est de faire reconnaître leur préjudice. Depuis le 1er septembre 2011, l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux, l’Oniam, a enregistré plus de 9 019 demandes d’indemnisation. Les trois quarts concernent des femmes. Parmi les 6 473 avis rendus par le collège d’experts, en avril 2016, seuls 2 142 avaient abouti, une demande sur trois.
De plus, les victimes, même reconnues officiellement comme telles, doivent attendre des mois et des années pour toucher des indemnités qui ne s’élèvent qu’à quelques milliers d’euros.
« (…) C’est un combat de tous les jours, de chaque instant, et tout ça pour des indemnisations de quelques milliers d’euros. (…) Et si on lâche un tant soit peu, aussitôt Servier et ses hommes de main rebloquent tout », a déclaré Irène Frachon dans une interview au journal Les Échos.
Voilà qui est bien à l’image de cette société dirigée par des capitalistes prêts à tout pour faire du profit et aidés en cela par des politiciens et hauts fonctionnaires à leur service, les « hommes de main » du capital.