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- Lutte ouvrière n°2538
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Leur société
Bouygues condamné : travail dissimulé, bénéfices assurés
Le groupe Bouygues TP vient d’être condamné en appel, ce qui signifie qu’il avait refusé d’accepter une première condamnation. Cela concerne l’utilisation de travailleurs étrangers irrégulièrement employés sur le chantier du réacteur nucléaire EPR de Flamanville entre 2008 et 2011.
Ce réacteur se veut la vitrine du savoir-faire industriel français (pour le moment, c’est surtout la vitrine des retards et des dépassements invraisemblables de dépense), mais c’est aussi celle de l’usage des procédés anciens et interdits de la part du patronat.
Bouygues a fait travailler à l’époque, par le biais d’un sous-traitant irlando-chypriote, 460 ouvriers roumains et polonais. L’avocat général avait ainsi résumé la situation : « Une entreprise initialement basée en Irlande, agissant par l’intermédiaire d’une succursale chypriote, pour recruter des Polonais qui n’ont jamais mis les pieds à Chypre et signent des contrats en grec, auxquels ils ne comprennent rien… »
Non seulement Bouygues a utilisé du travail dissimulé, mais les conditions de travail étaient parfaitement inadmissibles et marquées par de nombreux accidents, et notamment deux morts.
Toutefois la justice n’a pas été trop sévère à l’égard de Bouygues : si la condamnation avait été de 30 000 euros, l’accès aux marchés publics aurait dû lui être refusé. Bouygues écope donc de 29 950 euros d’amende. Il s’en tire bien, et sans doute a-t-il gagné bien davantage sur le dos des ouvriers roumains et polonais. Quant à l’Urssaf, elle estime avoir perdu dans cette affaire 10 à 12 millions d’euros.
EDF, le maître d’œuvre de ce chantier, n’a pas été poursuivie. Bien évidemment, elle n’a rien vu, rien entendu et n’était au courant de rien !