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Dans le monde
Hariri : Premier ministre sans portefeuille
Saad Hariri, Premier ministre libanais, est en même temps patron du bâtiment en Arabie saoudite, longtemps à la tête de l’entreprise de BTP Saudi Oger, aujourd’hui en faillite.
Celle-ci a employé jusqu’à 38 000 employés, de plus de trente nationalités, dont la majorité travaillaient dans le royaume. Saad Hariri a pris la direction de cette entreprise et d’Oger International, dont le siège est en France, après l’attentat qui a coûté la vie à son père, Rafiq Hariri, en 2005.
Jusqu’en 2014, cette entreprise était florissante. L’argent coulant à flots en Arabie saoudite, les commandes s’enchaînaient et la société vivait à crédit. Elle était minée par la corruption, mêlant les arrangements entre amis avec une comptabilité inexistante permettant toutes les malversations. Saad Hariri, arrivé comme son père à la tête du gouvernement libanais, n’en servait pas moins tout naturellement les intérêts des Saoudiens qui finançaient ses campagnes.
Mais, après la chute des cours du pétrole et surtout lorsque Saad Hariri a cessé d’avoir les faveurs du royaume saoudien, l’entreprise s’est retrouvée en faillite. Depuis plus d’un an déjà, elle ne paie plus les salaires de ses ouvriers, laissant ceux qui étaient originaires d’Asie du Sud-Est dans une misère dramatique, proche de la famine.
Les Français ex-salariés de Saudi Oger sont dans une situation moins dramatique, mais subissent tout de même des arriérés de salaire pouvant aller jusqu’à 100 000 euros. Certains expatriés ne peuvent pas quitter le territoire saoudien parce qu’ils doivent encore de l’argent. Ces salariés français ont eu aussi la désagréable surprise d’apprendre qu’une partie des cotisations sociales prélevées sur leur salaire n’ont pas été versées aux organismes sociaux concernés. En France, Saudi Oger doit ainsi deux millions d’euros de cotisations à la caisse du BTP, un million à celle des Français de l’étranger, 700 000 euros à Pôle emploi et près d’un million à l’assureur AXA.
Saad Hariri s’est engagé à plusieurs reprises auprès du gouvernement français à verser les arriérés de salaire et de cotisations, mais quasiment rien ne vient. On ne sait pas si Macron a abordé la question avec Saad Hariri, mais visiblement les salariés de Saudi Oger et ses dettes auprès des caisses sociales passent après la diplomatie française au Moyen-Orient… et les fastueux contrats qu’elle procure.